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Charlevoix

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Cet article est le complément du récit de voyage que vous trouverez dans le message 79. Vous trouverez dans cette page, une présentation géographique, économique et géologique de la région. Les grands bouleversements infligés par la chute d'une météorite et par les tremblements terre. Deux manifestations exceptionnelles qui ont profondément marqué le paysage de Charlevoix. L'histoire maritime et fluviale de la région, l'avènement des fameux bateaux blancs et du manoir Richelieu.

En route sur les sentiers de Charlevoix, région classée réserve de la biosphère de notre planète par L'UNESCO.

Présentation de Charlevoix

Au nord de la ville de Québec, le massif de Charlevoix se présente comme une mer infinie de monts tapissés de forêts. Assis sur les contreforts du Bouclier canadien, il offre ses premières montagnes skiables, à moins d'une heure de la ville de Québec. Certaines, dont « le massif » sont au bord du fleuve. Leurs pentes vertigineuses dévalent vers le Saint-Laurent avec une vue imprenable sur l'île aux Coudres. Une merveille !

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Cet environnement abrupt repousse l'implantation urbaine au bord du Saint-Laurent. Seules quelques rares villes sont établies à l’intérieur des terres. Le littoral de Charlevoix est long de 125 kilomètres en bordure de la partie du Saint-Laurent nommée le moyen estuaire. Les eaux y sont saumâtres, la largeur moyenne du fleuve y est de 20 kilomètres, sa profondeur pouvant atteindre 100 mètres. Tout le long du littoral, la route 138 offre le principal axe de circulation de la région.

La région faite d'une succession de vallons, de falaises et de montagnes est sillonnée par un réseau de rivières, dont les principales sont celles de Malbaie, Jean-Noël, Saguenay et du Gouffre. Le point culminant du Charlevoix, le mont Raoul-Blanchard atteint 1170 mètres. La région entière s’étend sur un territoire de six mille kilomètres carrés couvert à 90 % de forêts boréales, classées, depuis 1989, comme Réserve mondiale de la biosphère par l’Unesco. Dans cette veine, la région a créé de nombreux parcs afin de protéger sa faune et sa flore. Parmi eux :

•Le parc des Grands-Jardins
•Le parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie
•La réserve écologique des Grands-Ormes
•La réserve écologique Thomas-Fortin
•La forêt Montmorency

Ces parcs protègent une toundra alpine, des forêts d’érables à sucre et d’ormes d’Amérique, des lacs, des rivières et des chaînes de montagnes, tout un écosystème qui fait la richesse de Charlevoix où s'ébat une faune diversifiée : orignaux, cerfs de Virginie, caribous et plus de 250 espèces d'oiseaux.

Portrait économique

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Le principal moteur de l'économie de Charlevoix est le tourisme. Près du tiers de la population active de la région travaille directement dans ce secteur qui emploie au total, plus de 3000 travailleurs. L'autre pourvoyeur d'emploi est l'industrie forestière, usines de pâte et papier, usine de sciage. Mais la plus grande partie des travailleurs forestiers s’occupe de la récolte et de l’aménagement des forêts. Les retombées économiques de l’activité forestière sont de l’ordre de 15 millions de dollars. L'agriculture concerne la troisième activité par ordre d'importance. La transformation et la commercialisation des produits agricoles emploient moins de 1200 personnes. Les deux produits phares sont le sirop d’érable et la gomme de sapin. Toutes ces activités sont malheureusement sujettes au rythme des saisons. Environ 60 % de la population active travaille sur une base saisonnière et un grand nombre de résidents de la région sont touchés par le chômage. Les jeunes partent tenter leur chance dans les grandes villes ce qui entraîne un vieillissement de la population.

Vestiges de l'industrie navale à Charlevoix

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Il est une industrie qui fut florissante pendant trois siècles qui aujourd'hui n'est plus qu'un souvenir ravivé par les musées.

Sur l'île aux Coudres comme dans de nombreuses villes côtières de Charlevoix, l'activité navale fut longtemps une tradition. Baie-Saint-Paul, Saint-Joseph-la-Rive, La Malbaie, Sainte Irénée, Cap-à-l'Aigle... tous ces villages de bord de fleuve ont accueilli le berceau de l'industrie navale au Québec. Rare est le village côtier qui ne possède pas, encore aujourd'hui, son port de pêche ou de plaisance. Cette tradition vient du fait, qu'il fallut attendre très longtemps avant de voir construire la première route carrossable de la région. En effet, la première route en Nouvelle-France date de 1730, on l’appelait le « Chemin du Roy ». Cette route reliait Québec à Montréal en passant par Trois-Rivières sur la Rive-Nord. En diligence, il fallait environ 2 jours pour parcourir la distance entre Québec et Montréal !

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Pour les autres villages, il n’y avait aucune route, sauf le fleuve Saint-Laurent. Pendant plus de trois siècles, les passagers et marchandises étaient donc transportés à bord de chaloupes, de canots et de voiliers.

Ainsi, dès la fin du dix-huitième siècle, les villages du bord du fleuve entretinrent une longue culture des transports maritimes. Les chantiers sur chaque rive étaient nombreux. Ils construisaient des goélettes, appelées aussi « voitures d’eau ». Les coques des navires étaient faites de pin rouge. Construites à fond plat, les goélettes avaient que peu de tirant d'eau et pouvaient s'échouer facilement à marée basse. C’étaient des navires robustes et passe-partout, idéaux pour se faufiler entre les îles et les hauts-fonds, même à marée descendante ou par mer agitée. Les goélettes allaient de village en village en suivant les côtes. quebec Certaines d'entre elles embarquaient des passagers tandis que d’autres transportaient des marchandises et du bois.

Si les bateaux effectuaient la navette entre les grandes villes et les petits villages, l'infrastructure fluviale était quasi inexistante. Les goélettes doivent s’échouer à marée basse sur les rives de la région afin de transborder marchandises et voyageurs pour enfin repartir à marée haute. Au milieu du dix-neuvième siècle, l'aménagement des communications fluviales devint une préoccupation majeure du gouvernement du Canada-Uni. Dans un premier temps, deux quais furent construits dans les principaux chefs-lieux de la région : La Malbaie et Baie-Saint-Paul.

La genèse du tourisme charlevoisien

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Au moment où sur la route entre le Saguenay et la capitale, il est possible de faire escale, les régions de Charlevoix et du Saguenay attirent de plus en plus de touristes en quête de nature vierge et sauvage. Un ballet de croisières au départ de Montréal et de Québec vers le Saguenay se met en place. Les bateaux de la Richelieu & Ontario Company, véritables palais flottants, longent le fleuve dès 1847. Cette société deviendra, en 1913, par fusion, la Canada Steamship Lines.

Au coeur de Charlevoix à La Malbaie, l'histoire du Manoir Richelieu et celle des bateaux blancs sont indissociables. Les escales au cours du fleuve sont l'occasion de découvrir Charlevoix. Certains passagers comme William Busby Lamb et John William Chamard tombent si bien sous le charme de la région qu'ils s'associent pour construire un hôtel. C'est ainsi qu'en 1867 naît la légende du Manoir de Richelieu. A l'époque ce n'est qu'un hôtel de 90 chambres, du nom de «Chamard’s Lorne House», en l’honneur du gouverneur de la colonie. Sous le poids de l'engouement touristique, l'idée de construire un hôtel de grand luxe s’impose aux dirigeants de la Richelieu & Ontario Company. Ils rachètent l'établissement tenu par la famille Chamard.

Le manoir Richelieu

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Le premier Manoir Richelieu est entièrement réalisé en bois, il est l’œuvre de l’architecte Edward Maxwell. Il accueille ses premiers estivants dès 1898. Son succès est immédiat et grâce à la publicité efficace de la Richelieu & Ontario la réputation de l’hôtel attire les plus grandes célébrités de l'époque : William Blake (traducteur du roman Maria Chapdelaine), Sir Charles Fitzpatrick (lieutenant-gouverneur du Québec), Sir Wilfrid Laurier (premier ministre du Canada) et les vedettes de cinéma que sont Jean Harlow, Charlie Chaplin, Mary Pickford. Le 27e président des Etats-Unis, William B. Taft (1909-1913), tombe littéralement en amour avec la région. Il y installe sa résidence d’été, ce qui attire de nombreux estivants américains fortunés.

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Malheureusement, un incendie ravage l'hôtel le 12 septembre 1928. Il ne reste plus rien du faste du manoir Richelieu. La Canada Steamship Lines réagit rapidement. La reconstruction est décidée afin de respecter les réservations de l’été 1929. John S. Archibald, un architecte canadien célèbre à l’époque propose les plans d'un château de style français à la Normande avec tours et tourelles dont la capacité d’accueil est de 600 personnes. Pour éviter les possibilités d’un autre incendie, l’édifice est construit en béton armé avec un toit en charpentes métalliques recouvertes de cuivre. Une équipe de 500 artisans locaux travaille sans relâche au cours de l'hiver 1928-1929 et relève le défi : l'inauguration du nouveau manoir se fait le 15 juin 1929.

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Pendant 70 ans, le manoir Richelieu reste un haut lieu du tourisme de luxe sur le fleuve Saint-Laurent. Dans les années 1960, le contexte économique et social ne permet plus ce faste. Le premier signe de changements sociaux se traduit dans l’abandon par la Canada Steamship Lines de la célèbre Croisière du Saguenay en 1965. Désormais, les bateaux blancs n’accostent plus au quai de Pointe-au-Pic. Cette extraordinaire croisière disparaît, victime de son luxe. Pour le manoir Richelieu commence les années difficiles. La faillite est déclarée en 1975. Le gouvernement du Québec se porte alors acquéreur de l’hôtel et en confie la gestion à la Société Delta (Auberge des Gouverneurs), plus tard ce sera au tour des frères Dufour de l’île aux Coudres de sortir le manoir de ce mauvais pas. En 1986, le gouvernement du Québec vend le Manoir Richelieu à Raymond Malenfant, qu'il vend à sont tour en 1993. La venue du Casino de Charlevoix semble relancer le Manoir Richelieu à compter de 1994. En 2002, l'établissement est dirigé par une société formée de Loto-Québec, du Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec et du Canadien Pacifique.

Portrait géologique de Charlevoix

Le paysage tourmenté qui jalonne Charlevoix est l'œuvre de plusieurs événements qui ont bousculé le rythme lent de l'érosion du Bouclier canadien. L'érosion glaciaire s'est chargée d'engendrer, drumlins (Colline elliptique constituée d’éléments de moraine), marmites de géant, eskers (Éminence allongée, à sommet plat, généralement sinueux, formé d’une accumulation de matériaux fluvio-glaciaires), vallées suspendues et cascades hautes parfois de 300 mètres de hauteur. Outre l'action déjà riche de l'époque glaciaire, une météorite géante s'est écrasée sur la région, creusant l'un des cratères les plus étudiés de la planète. Outre ces deux phénomènes exceptionnels, les tremblements de terre façonnent, au rythme de leurs apparitions erratiques, les paysages de Charlevoix.

Les frasques des Éboulements

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Le Charlevoix est l'une des plus vieilles régions du monde. Assise sur les contreforts du Bouclier canadien, elle a subi au cours de son évolution des accidents de parcours. Ainsi, il y a trois cent cinquante millions d'années, une météorite pierreuse, de 2 km de diamètre et pesant pas loin de 15 milliards de tonnes, s'est écrasée dans la région. C'était au temps du super continent Pangea. La cicatrice laissée par l'impact figure parmi les plus grands cratères d'impact au monde soit 56 kilomètres de diamètre. L'astroblème est le treizième cratère le plus grand identifié sur Terre

Situé à 105 km au nord-est de la ville de Québec, la moitié de ce cratère de 56 km de diamètre s'étend sur la Rive-Nord du fleuve Saint-Laurent, quebec l'autre moitié étant située sous l'eau du fleuve. Le cratère est fortement érodé par le fleuve, notamment au sud-ouest. Malgré cette érosion, il constitue un excellent site d'étude, car l'ensemble des couches géologiques perturbées ou créées par l'impact sont d'accès aisé.

Au centre du cratère, le mont des Éboulements culmine à 768 mètres d'altitude. Ce rehaussement est la conséquence du rebond du fond du cratère immédiatement après l'impact. Une dépression semi-circulaire près du Massif des Éboulements, elle descend comme une flèche vers la Baie-Saint-Paul. La météorite a également forgé la région autour de La Malbaie.

Tremblements de terre

La météorite n'est pas seule à avoir façonné le paysage, la région est également sujette aux tremblements de terre. Cette sismicité cyclique est encore inexpliquée par les scientifiques. Problèmes de chevauchements de failles, suite à l'impact de la météorite ? Toute la région autour des Éboulements, dont nous comprenons mieux le nom est le résultat de ces accidents répétitifs. Entre 1977 et 1997, huit tremblements de terre de magnitude 4 et plus ont été dénombrés.

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Dans ses chroniques, Buies écrivait le 8 août 1877: « Me voici maintenant à six lieues de La Malbaie, aux Éboulements, dans un endroit à moitié sorti du chaos primitif (...) J'ai vu l'effet du tremblement de terre d’octobre 1870. Rien de pareil au monde ; on dirait un cataclysme arrêté court et qui mugit sourdement dans son immobilité. Il y a comme une menace perpétuelle dans ces énormes montagnes qui se dressent sous le regard, tantôt isolées, tantôt reliées en chaînes compactes, et se poursuivant les unes les autres jusque dans un lointain inaccessible. Une charge de montagnes arrêtées tout à coup dans leur élan, voilà l’image de l’endroit où je suis aujourd’hui. » (Arthur Buies (1840-1901) « humeur, caprices et petites chroniques »).

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Sources :

Site internet de Baie-Saint-Paul : baiesaintpaul.com
Site internet du Québec : grandquebec.com
Dictionnaire : druide.com/antidote.html
memoireduquebec.com