/

Le Québec sans confusion

Lorsque l'on s'attaque aux origines des choses, il faut recouper les témoignages, lire beaucoup et la lecture multiplie, plus que les petits pains du Bon Dieu, les explications.

Qui a inventé le mot Québec ? Les Amérindiens ?

quebec

Les langues amérindiennes sont à l'origine du nom de la Belle Province et de sa capitale. C'est un terme algonquin qui signifie «rétrécissement du fleuve». Ainsi, Kebek était le village bâti aux pieds d'une falaise où se rétrécissait le fleuve. Le terme est commun à l'algonquin, au cri et au micmac (trois dialectes amérindiens) et il a la même signification dans les trois langues. Il trouva plusieurs formes et des traces de son orthographe furent trouvées sur les divers documents et cartes nautiques. Il s'écrivait entre autres, Quebeck en 1601, puis Kébec en 1609 et enfin sa forme définitive fut donnée par Samuel de Champlain en 1613.

quebec

Ou le mot Québec serait-il issu d'une exclamation de Champlain ?
La seconde explication est un clin d'oeil à ce que nous aimons chez les Québécois.

Champlain lorsqu'il serait arrivé pour la première fois à la hauteur du cap Diamant se serait exclamé "Qué Bec!" Malheureusement, il ne se référait pas aux beaux bisous (des beaux becs) qu'envoient nos amis de la Belle Province, mais bien au rétrécissement géographique du fleuve. Que l'on choisisse l'une ou l'autre des explications, on en revient toujours à une notion très terre-à-terre !

quebec

Quoi qu'il en soit, la ville établie sur le cap Diamant et surplombant le fleuve Saint-Laurent inspira beaucoup Samuel de Champlain. Lorsqu'en 1608, Champlain choisit d'y établir sa colonie, c'est en raison de la géographie particulière du site qui offrait de nombreux avantages. D'un point de vue stratégique, le promontoire de Québec assurait une excellente défense naturelle et l'étroitesse du fleuve permettait de contrôler de la rive le passage de tous les navires. D'un point de vue économique, le fleuve constituait aussi une porte d'entrée naturelle vers l'intérieur du continent, ce qui garantissait l'accès au marché de la traite des fourrures. Cette caractéristique a ainsi grandement aidé à son développement et à l'établissement d'un trafic maritime important. Très vite, Québec acquit un statut de capitale. Sous les rois de France ou sous la couronne d'Angleterre et jusqu'à nos jours, la ville de Québec conserva son rôle de grande ville politiquement stratégique.

Attention !

On va à Québec ?

ou

Va-t-on au Québec ?

Les deux, mais nous n'irez pas au même endroit selon l'une ou l'autre expression.
Les étrangers confondent souvent la ville de Québec et la Province. On dit : "je vais à Québec" lors d'un séjour à la ville. Et l'on dit : "je vais au Québec" pour un voyage vers la belle Province.

Une question de termes, mais pas seulement!

Lorsqu'en 1524, les frères Verrazzano débarquèrent au nom du roi de France (François 1er) sur les côtes septentrionales d'Amérique, ils nommèrent le territoire qui s'étendait de Terre-Neuve à la Nouvelle-Angleterre, "Francesca Nova Gallia". Le terme trouva plusieurs acceptations avant de se stabiliser avec l'usage qu'en fit Samuel de Champlain dans sa cartographie. Il inscrivit le terme "Nouvelle-France" sur une carte dessinée en 1607. Celle-ci représentait l'Acadie à partir de la Hève jusqu'au sud du Cape Cod, par la suite, toutes les cartes utiliseront le terme «Nouvelle-France».

Lorsque Jacques Cartier débarqua, dix ans après les frères Verrazzano, en 1534, en aval du fleuve, il nomma, Canada une région qui se limitait à la vallée de Saint-Laurent autour de l'actuelle ville de Québec. Le nom "kanata ou canada" signifiait en amérindien "amas de cabanes". Rêvait-il lui aussi d'une cabane au Canada?

quebec

Dix ans plus tard, le Canada comprenait toute la vallée du fleuve Saint-Laurent ou fleuve Canada. Dans les débuts de l'établissement de la région, le Canada n'était donc qu'une toute petite région de la Nouvelle-France.

Les francophones natifs d'Amérique eurent à combattre des conditions climatiques extrêmes ainsi que les Amérindiens et les Anglais qui leur livraient une guerre sans merci. Malgré les affres de la région et le peu de moyens ou d'intérêts que leur accordait la patrie mère, les Francophones travaillèrent fort à développer leur territoire. Avant le traité d'Utrecht en 1713, la Nouvelle-France s'étendait de la baie d'Hudson au golfe du Mexique, couvrant cinq régions. Celles-ci possédaient toutes leur propre administration. Ces régions étaient : L'Acadie, La Louisiane, la baie d'Hudson, le Canada et Terre-Neuve. Malgré que les Francophones de Nouvelle-France étaient beaucoup moins nombreux que les Anglais de Nouvelle-Angleterre, ils parvinrent assez bien à contenir l'envahissement du voisin convoiteur.

quebec

Malheureusement, tous ces efforts ont été mis à mal par la situation qui régnait de l'autre côté de l'Atlantique. Les différents traités qui ont été signés suite à la débâcle française dans les guerres européennes ont réduit graduellement le territoire de la Nouvelle-France jusqu'à sa conquête totale par l'Angleterre lors de la signature du traité de Paris en 1763. Après cette date, l'expression "Nouvelle-France" est sortie de l'usage.

Le Canada n'était pas encore ce grand pays d'aujourd'hui, mais lorsque les Anglais prirent possession du territoire francophone, ils le nommèrent "Province of Quebec" ce qui signifiait la province dont la capitale est la ville de Québec, mais pas seulement (voir la rubrique Histoire du Québec, 1763).

Si nous n'envisageons ici que l'évolution des termes. Il se cache derrière ce vocable des tragédies humaines que je vous détaille sous la rubrique Histoire du Québec.