gens célèbres du cimetière
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dauphinRandonnées sur Hiva Oa aux Marquises

Les gens célèbres du cimetière de Atuona.

Deux personnages ont marqué de leur présence l'île d'Hiva Oa et sont venus y finir leur vie. Il s'agit du peintre Paul Gauguin qui est venu s'installer sur l'île à la fin du 19ième siècle, il y est mort en 1903. Et de Jacques Brel l'acteur/chanteur Belge tant apprécié des français. Il est venu passer les 3 dernières années de sa vie de 1975 à 1978 année de sa mort.
Ils ont, tous les deux, leur tombe au cimetière qui surplombe le village de Atuona.

 

Caractéristiques de la randonnée :

Atuona, au pied du mont Temetiu

- Sans aucune difficulté si ce n'est la montée un peu raide jusqu'au calvaire.

- Durée aller = 1H (3km) 1/2H pour vous rendre au village de Atuona et 1/2H pour monter au cimetière (le calvaire surmonté d'une croix est encore un peu plus haut pour ceux qui souhaitent bénéficier d'une vue plongeante sur le village).
- Finir par la visite du musée et de l'espace Gauguin. Un coin est réservé à Jacques Brel (l'homme et non le chanteur), trés apprécié des marquisiens, son avion bimoteur y est également exposé.

- Prenez la route qui monte à droite de la gendarmerie.

- Pour la visite du musée, attention aux horaires il ferme tôt en fin de matinée pour rouvrir l'après-midi.

Peinture murale, rendant hommage à Jacques Brel

Ces deux personnages alors qu'ils étaient totalement méconnus de la population locale ont su s'intégrer et se faire accepter par les Marquisiens.

Paul Gauguin en prenant la défense des habitants devant l'autorité administrative aux comportements abusifs, et en ayant pris pour modèle et compagne une jeune polynésienne.

Jacques Brel, quant à lui, a offert ses services à la population locale grâce à son petit avion avec lequel il effectuait de fréquents allers-retours sur l'île de Nuku Hiva. Les habitants de Atuona aimaient l'homme pour ses qualités de coeur et de pilote aussi.
Il jouait le postier entre Ua Pou et Hiva Oa, mais emmenait également des malades vers Nuku Hiva son avion se transformait en transport sanitaire.
Il avait fait l'acquisition de projecteurs cinématographiques et projetait des films sur la place du village pour faire connaître le cinéma aux habitants délaissés du fait de leur éloignement géographique de la métropole. A l'époque il n'y avait ni radio ni télévision sur l'île.
Son séjour sur l'île lui aura inspiré son dernier album qui paraîtra quelques semaines avant sa mort qui va finir par le rattraper même où il se sentait "caché où personne ne part".


Paul Gauguin

Paul Gauguin, autoportrait

Peintre, sculpteur français 1848 (Paris) - 1903 (Atuona)

Tout comme cet archipel qui "départage les goûts", l'art de Paul Gauguin divise les avis. Un génie pour les uns, un gribouilleur pour les autres. Quelle que soit la sensibilité du public face à ses oeuvres, une chose est certaine, il a, dans la lignée des grands découvreurs occidentaux que sont James Cook ou Bougainville, perpétué le mythe océanien.

Il débarque à Tahiti le 8 juin 1891. Il délaisse en France, une femme et cinq enfants. Il erre dans son art et dans le monde à la recherche de son essence d'artiste. A Tahiti, le voyage qu'il a entrepris, près de 10 ans plus tôt, trouve en son être une signification. Il découvre auprès de Teha'Amana, une femme enfant de Mataeia, un bonheur qu'il a rarement touché dans sa vie. Conquis par le peuple de Tahiti, sa culture, ses rites, il rentre en France et tient à partager dans une "relation de voyage", sa passion pour l'Océanie. L'ouvrage paraîtra sous le titre de "Noa Noa". Largement inspiré d'un écrit préexistant, rédigé par J.A Moerenhout, "Noa Noa" obtiendra néanmoins les égards des conservateurs de musées de Tahiti. En 1893, il reviendra à Tahiti, mais il y fera une tentative de suicide. Malade et ruiné, il se réfugie aux Marquises, à Hiva Oa. Il continue à peindre et à sculpter. Son état de santé ne l'empêche pas de courir "le paréo". Il laisse sur Hiva Oa, trois femmes "reconnues" et une kyrielle d'enfants naturels, dont la descendance aujourd'hui se balade partout en Polynésie.

Si son art "départage les goûts", l'homme lui-même est sujet à polémiques. Certains Marquisiens se souviennent qu'il était l'ennemi des lois et de l'ordre imposé par un gouvernement colonial mal adapté aux moeurs des premiers occupants de l'île. Il se réclamait du "droit de tout oser". Mais ses idées, le menaient à des comportements qui gardent auprès de la gent féminine un arrière-goût "d'abusif". Le traitement de son inhumation est édifiant. Après sa mort, il fut jeté dans la fausse commune. Puis, quelques années plus tard, la commune, consciente, qu'elle abrita un homme célèbre, fit des recherches, pour offrir une sépulture descente au peintre. La légende veut qu'il y eût hésitation sur l'identification. Sait-on aujourd'hui qui repose sous le nom et la sculpture de Gauguin?

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Paul Gauguin, sa maison du jouir reconstruite

Décidément, les branches tortueuses des frangipaniers qui entourent sa tombe, illustrent parfaitement ce qu'il fut jadis et le sentiment que les Marquisiens lui portent encore aujourd'hui...

Dans le petit musée qui trône au milieu du village d'Atuona, Paul Gauguin est célébré pour avoir, dans son contexte contemporain, bouleversé l'image de l'Océanie. Jusqu'à sa venue, les représentations de Tahiti et de ses îles sont des dessins, des esquisses d'observateurs scientifiques tels que Banks (faisant partie de l'équipage de James Cook) ou plus tard de Darwin. Des hommes tatoués, des vahinés dénudées dansant pour leur chef, des tikis... Tous ces croquis à l'ancre de chine témoignent de l'existence de peuples extraordinaires dont la culture est aux antipodes de ce que vivent les premiers navigateurs dans leur pays d'origine. Lorsque Paul Gauguin débarque à Tahiti, l'art graphique change de siècle.

Dans ses oeuvres, les couleurs tranchées, les formes vives vont, à jamais, à la face du monde, épaissir le trait des légendes océaniennes. Il ne peint plus pour décrire, il peint pour dégager un sentiment, une émotion. J'avoue ne pas aimer tout ce qu'il a produit avant de venir sous ces latitudes. Mais, ici, l'atmosphère des Marquises transcenda son art.

Laissons-le conclure, et dévoiler tout le caractère ambigu de son être, lorsqu'il écrit à sa femme, restée à Paris : "... je suis un artiste et tu as raison, tu n'es pas folle, je suis un grand artiste et je le sais. C'est parce que je le suis que j'ai tellement enduré la souffrance. Pour poursuivre ma voie sinon je me considèrerai comme un brigand. Ce que je suis du reste pour beaucoup de personnes."


Tombe de Paul Gauguin, de pierres volcaniques

Paul Gauguin, 1848-1903

Tombe de Paul Gauguin, sculpture de l'artiste

Magasin général, qui existait déjà du temps de Gauguin

Jacques Brel

Auteur, compositeur et interprète belge 1929 (Bruxelles) - 1978 (Bobigny)

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Jacques Brel, pilote à Hiva Oa

En montant au cimetière d'Atuona, je ramasse trois fleurs d'hibiscus afin de les offrir à Jacques Brel. Là, haut, sur les hauteurs d'Atuona, sous l'égide du mont Temetiu, sa tombe est entourée de jeunes palmiers, c'est la seule sépulture qui a droit à tous les égards. Celle de Gauguin, à quelques pas de là, semble quelque peu abandonnée. Il faut dire, que Jacques Brel, surnommé "Foufou" par les insulaires laisse de merveilleux souvenirs dans toutes les têtes. Les gens qui l'ont connu sur l'île, ne sont plus de ce monde, mais leur descendance en parle avec respect et émotion. Il suffit de visiter le petit musée qui lui est dédié pour s'en rendre compte.

Un pan de mur entier est recouvert de dessins d'enfants. Ils représentent l'avion de Brel, baptisé Jojo. Celui-ci a failli se perdre, abandonné, à Tahiti, à la rouille et aux affres du climat tropical destructeur. Il revint sur l'île via le paquebot "l'Aranui" en 1995. Quelques passionnés décidèrent de le sauver. Il a fallu beaucoup de détermination pour restaurer ce coucou! Mère Rose, elle-même soutint ce projet de réhabilitation, encourageant tous ceux qui se lancèrent à corps perdu dans l'entreprise. Grâce à la contribution de la Société Dassault Aviation et une équipe de sept férus, Jojo trône aujourd'hui dans le musée. Celui-ci a été inauguré le 3 octobre 2003.

Cet hommage est amplement mérité. Personne, ici, n'a oublié que le chanteur soutint une foule de projets pour sortir l'île de son éloignement. Outre le pont aérien qu'il maintenait afin d'amener le courrier, des médicaments et des livres sur l'île, il fit en sorte qu'un dentiste vienne régulièrement. Brel instaura également des séances de cinéma. Ses projecteurs sont mis en évidence à l'entrée du musée. Ils permirent aux insulaires de s'ouvrir sur le monde.

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Jacques Brel, lettre à sa famille

Cette tradition se perpétue, jeudi et vendredi, un festival du film océanien (Fifo) a eu lieu à Atuona. La commune laisse l'entrée libre et cela donne l'occasion de voir de très beaux reportages sur les îles du Pacifique. Nous avons visionné, entre autres, un reportage qui reçut le prix du film océan, sur l'île de Taku au Nord Est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, celle-ci est submergée par la montée des eaux due au réchauffement de la planète. Un désastre humain et culturel, car les habitants voient leur île se rapetisser. Ils vont devoir être relogés, ailleurs, là où leurs traditions sont étrangères. Je me demande quelle aurait été la réaction de Jacques Brel devant ce reportage. Lui qui détestait l'injustice et la bêtise humaine...

On ne peut en quelques mots retracer la vie de Jacques Brel. Il est impossible de donner à ce message toute la dimension de cet homme. Le musée Jacques Brel de Hiva Oa est petit, tout petit. Il tient dans un hangar. Il est à l'aune des moyens de cette île perdue au milieu du Pacifique. Mais, il s'en dégage une vraie, une chaude sincérité qui touche le plus profond de l'âme. Celui qui n'a pas connu le chanteur ou qui n'en était pas proche, ne peut qu'en sortir ému, très ému!


Tombe de Jacques Brel, 1929-1978

Plaque mortuaire, objet d'un différend familial

Jojo, le bimoteur de Jacques Brel

Jacques Brel, veille sur Atuona

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