L'île vacances par excellence !
Quelques infos supplémentaires
Chaque fois que nous allons à la Totuga, les effluves du paradis baignent nos journées.
A vrai dire, l’île ne recèle pas de grands mystères. Moins d’une dizaine d’habitants bipèdes, 5 chiens accueillants et joueurs, 7 pélicans placides, une colonie de lézards affairés, une troupe de fourmis volantes désorganisées et un escadron de moustiques opiniâtres constituent les effectifs permanents de la Tortuga. Plutôt plate et sèche, sa physionomie n’est pas, à proprement parler, dans les canons de beauté des îles qui font rêver. L'île manque de tout, cocotiers et relief. Et pourtant, elle attire chaque année plus de monde. Il paraîtrait même que le président du Venezuela serait en passe de donner son accord à un projet hôtelier au sud de l'île.
Il faut dire que le climat y est idyllique. En période cyclonique, seules quelques ondes plus méchantes que d'autres atteignent la Torutga. Cela se résume à quelques heures de pluie, des vents contrariés, une mer houleuse. Puis très vite tout se calme et le paradis retrouve sa place. Seul un gros méchant cyclone comme Yvan (2004) a vraiment menacé l'île. Non par les vents, car ceux-ci ravageaient les îles plus hautes en latitude. Mais la houle y fut dangereuse pendant 24 heures.
Parmi les plus anciens habitants de l’île, nous avons compté Muncho et ses amis pêcheurs. Il a un petit restaurant improvisé ou possada en espagnol. Le principe est simple. Vous allez pêcher le matin. Vous invitez les copains à la possada. Vous apportez votre manger, votre boire, les couverts et les contenants. Un sac-poubelle pour ne rien laisser à la fin du repas sur l'île. Mucho le propriétaire de la possada vous prête son barbecue. Vous faites votre cuisine vous-mêmes. Pour la peine vous invitez Mucho et ses copains. Une vie tranquille et sans chichis...
Le seul cocotier de l’île pousse à la porte des pêcheurs et récolte leurs bons soins. Ceux-ci ne vivent pas en permanence sur l'île. Ils se relayent. Ils viennent vivre sur Tortuga à Playa Delgada ou à Heradura pendant plusieurs semaines. Puis, ils rentrent sur Margarita ou dans l'Etat de Sucre. Une lancha vient les chercher et laisse les suivants sur l'île. Ils aiment échanger du poisson contre des piles pour leurs lampes ou leur radio, certains "carburants corporels" ou des cigarettes. Ils vivent paisiblement en bordure de plage dans des paillotes faites de palmes et de bois coupés. Pour parachever l’habillage, plus que spartiate des cabanes, certains bateaux échoués depuis longtemps se laissent dépecer de leur roof. Celui-ci servira de couverture étanche à la pluie.
D’ailleurs, au cours du mois d’août 2006 un superbe catamaran est venu grossir la troupe des épaves cueillies par le récif. L’équipage est parti du mouillage de nuit et s’est tout bonnement empalé sur les brisants. Histoire raccourcie d’un voyage, pour une simple erreur de navigation ou un excès de confiance dans les cartes électroniques… Leur expérience nous rappelle, que les logiciels de cartographie montrent, parfois, un décalage entre le point réel où nous nous situons et le point figuré sur la carte. C'est ce qui a piégé cet équipage qui, ce jour-là, était plus attentif à ce que l'ordinateur indiquait qu'à ce qui se passait au bout de son étrave. Seul le bateau a souffert. L’équipage et toutes ses affaires ont été sauvés grâce à la solidarité des marins présents dans le mouillage ce soir-là.
Comme l’île n’est située qu’à 170 kilomètres de Caracas, le week-end, les Vénézuéliens viennent, en bateaux rapides. Ils privilégient en général le mouillage de Playa Caldera. Bienque les connaisseurs, voire les épicuriens notoires, aillent aussi au mouillage d'Heradura. Ils paressent dans l’eau chaude, flottant dans d'épaisses bouées prévues aussi pour accueillir leur cerveza. Ils déversent sur le mouillage quelques décibels qui s’apparenteraient à de la salsa moderne. Et, ils repartent le dimanche soir, laissant la Playa Caldera aux voiliers qui n’ont pas les contraintes de rentrées de début de semaine. Certains parmi les plus aisés rallient l’île en petit avion. Celui-ci atterrit sur une piste de sable battu. Pas d’aérodrome, pas de règle bien établie et tout se passe dans une grande simplicité. Ces visiteurs ne viennent parfois que pour la journée. Ou alors, ils séjournent dans la deuxième posada de l'île. Très mignonne, elle est installée au bord du lagon de la Pointe Delgada.
Sur la bande de sable de Punta Delgada, des panneaux de bois indiquent la posada, un restaurant et même Internet ! Autant dire la Lune sur Tortuga ! Intrigués, nous pénétrons dans El Rancho Y Emayà. En 2006 Nelson un ancien professeur d'anglais nous accueillait. En 2007 c'est une femme adorable, qui parle le français. Elle a fait ses études à l'école catholique de Paris. De toute manière que ce soit Nelson ou la gérante, ils nous accueillent tous à bras ouverts. D'années en année les panneaux signalent tous les services qu'aimerait offrir l'auberge. Mais en réalité. Tout est prêt, tout est là… Mais rien ne fonctionne, pas plus internet que l'approvisionnement en sodas, cerveza ou cigarettes. Cependant, on peut y dormir. Six chambres posées sur le sable entourent une cour intérieure à ciel ouvert. Tout est fabriqué en bois. La construction, si elle est sommaire, a pourtant un charme fou… Tout est de couleur lagon : émeraude et turquoise. Des hamacs invitent à la sieste sous un patio. Partout, des mobiles élaborés à base de coquillages invitent le vent à composer sa musique.
Au cours de notre séjour de 2006, nous avons fait la connaissance des garde-côtes à l'occasion de la journée mondiale de la plage. Les équipages d’une quinzaine de bateaux ont répondu à l’appel. Cette journée aura le double mérite de nous rendre utiles et de créer des liens entre les marins et les gardes-côtes. Mais, nous restons encore hallucinés par l'ampleur de la tâche ! Le nombre des déchets est surtout important sur la partie au vent de l’île. La Tortuga est ainsi la poubelle du continent et de Margarita. Tous les détritus non biodégradables que les inconscients jettent à la mer s'échouent sur ces plages. Mais la mer ne rejette pas que ça ! Un matin Nelson a trouvé 3 corps au bord de sa plage… Naufrage, accident, règlement de compte ??? Personne n’a élucidé ces cas. Les insulaires ont enterré décemment les malheureux préférant ne rien en savoir…
Revenons à cette journée de bénévolat. Notre travail aura permis de laisser place nette… Pour combien de temps ? A terme chaque pays de cette planète devrait éduquer sa population. La rendre consciente que des gestes faciles et répétés ont de graves conséquences sur l’environnement. L’ignorance est le plus grand ennemi de notre planète… Ce n’est pourtant pas si difficile, chacun à notre niveau, de collecter les déchets et de les traiter comme il se doit !
Au lendemain de cette journée, nous ne pouvons résister à l’envie de nous balader sur les plages toutes propres. La petite troupe de chiens nous accompagnent. Ils sont joueurs et câlins. En bordure de lagon, une fine moustache d’écume caresse le sable aveuglant. Dom, mon capitaine ne résiste pas à la baignade. Je le suis en kayak. J’ai l’impression de tourner dans un de ces films publicitaires, pour des vacances de rêves… Nous sommes seuls sur le lagon étincelant. L’eau est si translucide que j’observe les poissons en ramant. Une raie, immense reste sous mon kayak. Je pense qu’elle va s’éloigner rapidement, comme elles le font toujours. Mais, elle ne s’affole pas. Elle vole légère et semble m’attendre au détour d’un pâté de corail. Nous faisons un bout de chemin ensemble. Un ravissement ! Plus loin, à la lisière de la pleine mer et du lagon, dans l’enroulement des vagues je devine le récif, ses teintes sombres sur fond d’émeraude. L’écume cristalline s’arc-boute et rebondit en d’infinies vaguelettes sur fond outremer.
Il est temps de plonger et de rejoindre nos amis les poissons. En chemin vers la barrière de corail, les lambis sont nombreux. Ils ouvrent le bal qui a lieu plus loin dans le récif, la faune y devient plus abondante. Les poissons-perroquets de toutes les tailles grignotent le corail. Les plus grands font un mètre vingt ! Rencontre magique, par le festival de couleurs qu'ils offrent. Plus loin, les espèces se mélangent,labres, chirurgiens, soldats, poissons-papillons… Tout ce petit monde se trémousse autour des pâtés coralliens. Au détour d’un rocher, à quelques coups de nageoire d’un gros trou, un diodon nous attend. Comme un rendez-vous sous-marin, il est là. Il nous regarde avec ses gros yeux gentils et sa bouche en forme de bisous. Il ne bouge pas, seules ses petites nageoires papillonnent. Certains nageurs les caressent. Les oursins fleurissent par endroits. Puis au détour d’un rocher, fantomatique, presque fondu dans l’eau trouble, un ban de barracudas. L’œil glauque, la dent menaçante, ils font peur et ne donnent pas envie de s’y frotter. Retour au bateau, ça suffit pour aujourd’hui. Demain, une autre plongée nous attend. Chaque fois différente, qui sait demain, les Brésiliennes se montreront moins timides. Elles charmeront nos pupilles à défaut de régaler nos papilles. Nous n'oublions pas que la saison des langoustes ne redémarrera qu'en novembre...
Pour profiter pleinement de la Tortuga, il faut prendre le temps de séjourner dans ses trois principaux mouillages.
Playa Delagada à l'est. Los Palanquinos au Nord et Herradura qui se situe à l'ouest.
Playa Delgada est le mouillage principal de l'île. Il peut accueillir plus de trente bateaux l'été. L'hiver c'est un mouillage solitaire. A terre, la guardia costa se préoccupe surtout des visiteurs qui débarquent en avion. Elle vient très rarement inspecter les bateaux. Les échanges avec la population locale sont sympathiques. On entre dans le mouillage en contournant la Punta Delgada, le mieux est de naviguer dans dix mètres d'eau, et de donner un large tour autour du récif, puis de rentrer dans le mouillage en visant un point à égale distance de la plage et de la pointe sud du récif. Cela évitera tout problème. Point GPS à contourner pour éviter le récif : 10°57 9N 65°13 8 W
Los Palanquinos se trouve à 7 milles dans l'ouest de Playa Delagada. On peut y pénétrer par une passe qui se faufile entre la plage et la pointe sud du récif. On reste en permanence dans 6 mètres d'eau au moins, la passe est assez large, mais il vaut mieux s'y présenter dans les bonnes heures (entre 11 h et 15 h). Sinon on peut atteindre le mouillage par le Nord, cela fait un détour plus grand, mais cette route paraît plus facile à certains équipages. Los Palanquinos ressemble à s'y méprendre aux Tobago Cays. Le mouillage adossé à une immense plage déserte est protégé de la mer par un récif en forme de fer à cheval. Une dizaine de bateaux peuvent loger ensemble à Los Palanquinos. A marée haute, le mouillage peut être chahuté par la houle qui passe par-dessus le récif. Les plongées en bouteille ou en apnée y sont innombrables et merveilleuses.
Point GPS du mouillage : 10°59 15N 65°20 14 W
Cayo Heradura à 4,5 milles de Los Palanquinos. C'est le mouillage préféré de l'Etoile de Lune. Un lagon d'eau cristalline est enchâssé dans un croissant de plage resplendissant. Les fonds sont de bonne tenue. Il faut privilégier la partie sud-est du mouillage où la profondeur d'eau est plus importante qu'au nord. Il faut éviter de mouiller sous le phare où il n'y a carrément pas d'eau. Sur la bande de sable qui nous protège de la houle quelques baraques de pêcheurs et le phare nous tient compagnie visuellement la nuit. Ce mouillage est sans doute celui qui est le mieux remparé de la houle. Il faut par contre s'en éloigner par temps d'orage. La foudre a tendance à préférer tomber sur les bateaux ancrés à Heradura que ceux qui sont dans les deux autres mouillages.
Point GPS du mouillage 10° 59 47N 65°22 72W
Il faut aborder la Tortuga en condition de parfaite autonomie. Il n'y a rien sur la Tortuga qui permette de faire l'avitaillement en quoi que ce soit : eau, gazoil, nourriture. Remmenez vos poubelles ou brûlez ce qui peut l'être.
Quant aux moustiques, ils sont actifs partout sauf à Los Palanquinos. Ils n'attaquent que par temps humide et sans vent. Dès que le ventilateur salutaire des alizés se met en route, les moustiques se font plus timides.
Petit rappel de la règlementation sur l'archipel vénézuélien. La pêche à la langouste ou le ramassage des lambis sont interdits du mois d'avril au mois de novembre. Des patrouilles de bateaux scientifiques passent sur l'archipel vénézuélien. L'un d'eux est spécialement affecté à l'île de la Tortuga et dépend du contingentement universitaire de Caracas. Lors de son dernier passage à Tortuga, les scientifiques ont surpris un plaisancier en train de pêcher de la langouste à Los Palanquinos et ce en plein mois de juillet. La patrouille l'a obligé à rejeter la langouste à la mer. Le plaisancier risquait en outre que la patrouille le dénonce à la guardia costa. Cette fois l'organisation a préféré le mettre en garde et lui rappeler les règles de base à respecter pour l'environnement. Les scientifiques ont également sensibilisé les plaisanciers au fait que le récif corallien s'amenuisait d'année en année. Ils font régulièrement des relevés afin d'en comprendre la cause. Ils ont également remarqué que la surexploitation du site et le non respect des règles de l'environnement a eu pour conséquence une diminution dramatique de la population de langoustes et de lambis. Ils ont rappelé que seuls les poissons adultes pouvaient être pêchés pendant la période estivale. En dehors de la période d'interdiction, il faut impérativement veiller à ne pas pêcher de poissons ou de langoustes juvéniles ainsi que de lambis trop petits.
Position du mouillage : 10°57'25.9"N 65°13'36.5"W
Au détour de la pointe Nord-Est de l’île, une plage dessine un croissant de Lune. Le sable est blanc, de la texture de la farine. Il se laisse caresser par l’écume translucide, trait d’union entre la blancheur aveuglante et l’émeraude étincelant du plan d’eau. A l’extrémité Nord, quelques cabanes de pêcheurs. L’une d’elles aux couleurs vives est habitée par « le chef » de l’île. Il assurerait le respect d’un code d’honneur qui dicterait aux « banditos » de passer leur chemin. Paraît-il qu’ici, jusqu’en l’an de grâce 2005 il n’y aurait jamais eu de problèmes de délinquance….
Au-delà des cabanes, une base militaire se disloque au gré des alizés. Une piste d’atterrissage à haut risque est mal établie sur le sable. Quelques avions viennent alimenter l’île ou amener de riches touristes. Pour le moment, il n’y a rien d’autre sur l’île. Mais un mécanicien de la base nous a dits qu’un projet hôtelier était en cours… Un hôtel sur Tortuga… D’accord, ça manque de relief, mais un édifice en béton à cet endroit gâcherait tout !
Le mouillage de Playa Caldéra est sans doute le meilleur de l’île. Cela ne veut pas dire qu’il soit parfait. La houle y entre, mais en comparaison avec les autres mouillages de l’île, il est acceptable. Pendant l’été, de nombreux bateaux, de nationalité française, s’éternisent là. Tout le monde profite de la bonne réputation du coin, pour relâcher un peu la vigilance anti-pirates… Il règne une ambiance bon enfant, et des petits groupes s’organisent. Pêche le matin, jeu de boules l’après-midi. Balade-discussion sur la plage…
Le week-end de nombreux bateaux à moteur venus de Puerto-la-Cruz viennent faire la java sur la plage.
Les plongées nous révélent comme partout sur l'île une multitude de poissons coraliens de toute beauté, tels les poissons perroquet ou encore les poissons rouges aux grands yeux qui se terrent au fond du moindre trou.
Position du mouillage : 10°59'15.9"N 65°20'14.4"W
Mouillage précaire en cas de coup de vent d’où qu’il vienne ! Mieux vaut arriver ici par temps calme ! Il faut se faufiler entre les barrières de corail et mouiller entre l’île de Tortuga et les cayes. Le paysage est toujours aussi plat. Les eaux toujours aussi belles et poissonneuses. C’est un mouillage plus solitaire que celui de Playa Caldéra. Faire attention en plongée à la présence de nombreux baracudas.
De magnifiques levers de soleil jouent avec les masses nuageuses qui se forment sur le continent du Venezuela.
Les moustiques y sont quasiment absents et de nombreux coquillages permettent d'améliorer l'ordinaire. Quelques langoustes ont été apperçues mais trop petites pour être chassées. Nous nous sommes contentés de plusieurs fricassés de lambis.
Position du mouillage : 10°59'37.2"N 65°22'49.9"W
Magnifique plage sur ce petit îlot coralien. Nous nous y sommes retrouvés seuls au monde, mais à l'occasion de certains congés Vénézuéliens le mouillage peut être bondé !
En effet, à l'occasion de notre dernier passage nous avons été surpris de découvrir une centaine de bateaux à moteur qui s'étaient réfugiés ici pour fuire Puerto La Cruz, mais pour reconstituer hélas l'ambiance d'une marina. Le mouillage n'est qu'à 60 Milles Nautiques de Puerto la Cruz, donc venir passer un week-end de "détente" est chose facile pour ces gros bateaux.
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