Le Vanuatu compte 115 langues vernaculaires recensées, et il entretient, encore aujourd'hui, au moins autant de coutumes différentes. La société nivane est l'une des plus complexes que nous ayons eu l'occasion de côtoyer. On estime que cette diversité est due à la manière dont l'archipel a été peuplé. Des vagues d'immigrants sont arrivées d'Insulindes et des côtes étendues de l'Asie par la voie des eaux. Des flottes de pirogues contenant près de 200 personnes, des vivres, des cochons, des poules, des rats et des chiens ont abordé le Vanuatu il y a plus de 3500 ans. Certains "colons" ont emporté dans leurs bagages l'art de la poterie dite Lapita, originaire d'Asie, ce qui permet d'établir une date presque précise de leur établissement. Par contre, les peuples ayant gagné ces îles sans "industrie" (et il y en a certainement) n'ont pas laissé de trace de leur atterrissage, ce qui peut repousser dans les temps immémoriaux la date de la colonisation des Vanuatu.
Ainsi par vagues successives, les peuples ont apporté dans leurs bagages, leur langue, leur coutume, et leurs manières de s'adapter à un nouveau milieu.
Au Vanuatu, la coutume est le ciment social. Si certaines représentations sont "publiques", la plupart des événements sont incrustés dans le tissu qui unit les êtres. Dans cette perspective, les "anciens" ont le rôle de professeur de vie, vis-à-vis des jeunes générations. Bien sûr, la plupart des familles envoient leurs enfants à l'école (pas toutes). Dans les îles, il est rare de dépasser le niveau du primaire, au mieux la scolarité se poursuit par des classes professionnelles. Mais pour une question de moyens (une famille vit plusieurs mois avec 5000 vatus (40 euros)) l'école n'est pas une priorité. Le plus fort de l'instruction se passe auprès des patriarches. Dans un pays, où le gouvernement ne peut prendre en charge, la santé et une grande partie de l'éducation, il est primordial d'apprendre à vivre, voire à survivre.
La nature est généreuse, elle donne à qui sait s'en servir les moyens de se nourrir et de guérir la plupart des maladies. Il est essentiel que, ces populations qui ne sont pas "assistées" par un Etat, préservent leur médecine ancestrale et leur mode éducatif. Perdre la tradition, la coutume et leur mode de vie signifierait pour beaucoup d'entre eux, une dépendance face à l'argent (difficile à gagner) et d'être entraînés dans la spirale qui leur ferait abandonner ce qu'ils nomment leur "jardin", pour la ville qui n'a rien d'autre à leur offrir que la dépendance, la pauvreté sous sa forme la plus poussiéreuse que notre monde peut engendrer.
La plupart des Nivans ont bien compris tout cela et ils préservent à 80% de la population la richesse de leurs acquis ancestraux. Seuls 20% de la population vivant à Port Vila. Pour tout ce qui dépasse la connaissance des ancêtres, leur maîtrise de la santé par la nature, et bien, il reste les rites animistes. C'est ainsi que chaque peuple a imaginé des danses, chants, sacrifices, création de costumes effrayants, performances humaines de tout type.