L'histoire d'une dynastie, ou le résultat d'une succession de méprises
Sommaire
Cimetière et tombeau « royal »
Au commencement, il y avait une hiérarchie sans roi
La méprise de Wallis et de ses successeurs
Un coup de pousse vers le trône
Faire accepter la « royauté » aux Maohis
Pomare II, une implacable évolution
Cimetière et tombeau « royal »
Dans la petite commune d'Arue, la première curiosité à satisfaire est le cimetière des Pomare. Non pas que l'endroit soit particulièrement attrayant. Au bord de la route, coincé entre une école et un jardin d'enfants, un muret de pierres volcaniques enferme quelques tombes. C'est presque lugubre. Toute la descendance des Pomare est là sauf... Pomare V, le dernier « roi régnant ». Celui-ci est inhumé dans ce que l'on nomme « le tombeau du roi », soit un mausolée situé à la pointe Outu'ai'ai, à quelques pas de là.
Pomare V, son mausolée |
L'intérêt de cet endroit est plus historique que pittoresque. Il suscite des questions éthiques. Des remises en cause sur le déroulement de l'Histoire. Car ici, l'on découvre à quel point l'introduction d'éléments exogènes dans une société autochtone, n'est pas anodine, ni transparente, loin de là.
En creusant le terrain historique de la Polynésie, on comprend pourquoi la relation franco-polynésienne s'articule autour d'un « Je t'aime, moi non plus. »
Voici, pour mieux comprendre les motivations des uns et le désarroi des autres, l'histoire d'une dynastie, ou le résultat d'une succession de méprises
Au commencement, il y avait une hiérarchie sans roi
Avant l'arrivée des Occidentaux, il n'existait dans ces archipels aucun roi. Dans la genèse de l'implantation maohie, une tribu était composée de descendants d'une même famille. En principe, il ne devait donc exister qu'une hiérarchie patriarcale. Pourtant à la faveur de la croissance de la population la société insulaire s'organisa. Sa structure civile s'établit autour d'un fonctionnement complexe de castes où l'on retrouvait en haut de l'échelle sociale les Arii (chefs), les Raatira (propriétaires terriens), les Manahune (prolétaires), puis les teuteu (serviteurs), et enfin, la plus basse classe composée des titi (destinés aux sacrifices cérémoniels).
Vahekehu |
Les Arii Nui étaient considérés comme les plus grands chefs d'une île. Dominant les vallées par leur charisme et leur bravoure, le peuple leur accordait des vertus et une puissance hors norme (voir la carte des chefferies).
Chaque tribu de chaque vallée fonctionnait sur le même moule. Ce qui n'empêchait pas les tribus de se livrer des guerres impitoyables. Les chefferies s'alliaient ou s'opposaient selon les affinités et les ambitions territoriales. Les Arii les plus respectés étaient ceux qui avaient combattu le plus de tribus adverses, les assujettissant, ils augmentaient leur pouvoir et agrandissaient leur domaine.
Les Arii étaient éminemment respectés par les membres de leur tribu. Les marques de déférence s'exprimaient de multiples manières et constamment répétées.
La méprise de Wallis et de ses successeurs
Avant l’arrivée de Wallis, le clan le plus important de Tahiti était celui des Teva, dont le territoire s’étendait de la presqu’île au sud de Tahiti Nui. Ce clan était dirigé par l'arii Amo et son épouse Purea. Lorsqu'en 1767, Wallis débarqua en tant que premier Occidental sur Tahiti, il choisit la baie de Matavai comme mouillage sûr. A terre, il fut accueilli par Purea. Wallis, témoin des multiples marques de respect manifestées par le peuple tahitien, conclut que Purea était la reine de Tahiti et des îles environnantes. Voici ce qu'il dit de leur première rencontre :
« Le 12 juillet 1767, j'allai à terre pour la première fois, et ma princesse, ou plutôt ma reine, car elle paraissait en avoir l'autorité, vint bientôt à moi suivie d'un nombreux cortège. (...) La multitude s'assemblait en foule à notre passage, mais au premier mouvement de sa main, sans qu'elle dît un mot, le peuple s'écartait... »
Bougainville et Cook |
L'année suivante, Louis Antoine de Bougainville fit escale à Tahiti. Il choisit un autre mouillage, le long de la côte est. Il ne commit pas l'erreur de consigner dans ses carnets qu'il avait rencontré un « roi », mais bien le « chef Reti ». Mais Cook en 1769, fort des instructions de son compatriote, Wallis, mouilla dans la baie de Matavai, où il retrouva la « reine de Samuel Wallis ». Son pouvoir était alors en chute libre car son époux, Amo avait perdu la dernière guerre contre deux grands Arii Vehiatua et Tutaha.
Lors de son second voyage, Cook rendit ses hommages à Tutaha, le chef le plus brave. Cook avait compris que les îles fonctionnaient selon un mode de chefferies. Mais il décida néanmoins de donner un traitement spécial à Tutaha. Par les échanges de cadeaux, l'importance que Cook octroyait à sa famille, il la révéla plus puissante aux yeux des autres chefs. Les alliances et les oppositions au sein des tribus tahitiennes s'amplifièrent. Les agissements de Cook eurent des conséquences inaltérables : le petit neveu de son protégé devint quelques années plus tard Tu-Pomare I.
Point de vue en passant...
Songez que la dynastie Pomare tient au hasard. Si Wallis avait choisi un autre mouillage, si Cook avait décidé de revenir dans une autre île, tout autre chef aurait été « élu » roi, toute autre île serait devenue le chef lieu de la Polynésie. Raison pour laquelle, certaines familles de chefs, contestent encore aujourd'hui les titres royaux des Pomare.
Un coup de pousse vers le trône
Dans ses deuxième et troisième voyages aux îles du grand océan, Cook couvrit son « chouchou » de cadeaux. Il lui apporta des armes à feu, qui permirent à Tu d'orienter de nombreux combats en sa faveur. Au besoin, Cook aida plusieurs fois à asseoir le pouvoir de la famille élue en l'aidant de ses canons dans les guerres tribales (pensez-vous, des lances et du muscle contre de la grosse artillerie!)
Peu à peu, cette préférence installa les descendants de Tu sur « le trône ». La dynastie prit, en 1790, le nom de « Pomare » qui signifie « tousse la nuit » parce qu'une petite fille du clan était morte en bas âge de tuberculose.
Faire accepter la « royauté » aux Maohis
Il n'a pas suffi d'associer les forces d'un chef de guerre aux Européens pour introniser les Pomare. Encore fallait-il convaincre les Maohis. Comment introduire une notion de chef suprême, de chef des chefs ou de rois dans cet archipel qui se considérait non pas comme une nation, mais comme une multitude de « petits mondes »? Ces landernaux politiques fonctionnaient tous selon le même moule, mais ils étaient néanmoins concurrents.
Afin d'étendre leur pouvoir, les Pomare s'associèrent par le mariage aux grandes chefferies des îles de la Société. Ces unions permirent de prétendre à une illustre et incontestable généalogie. Afin de rallier les septiques, il restait à Pomare I et à ses alliés à prendre les armes pour conquérir plus de territoires.
Aparté géopolitique
Dans cette saga, il m'est difficile d'introduire une autre notion, celle de la légitimité royale au niveau polynésien. En effet, si les Pomare pouvaient prétendre après multiples stratagèmes politiques à une autorité suprême sur les îles de la Société, le reste de l'archipel, les Tuamotu, Marquises, Gambier et Australes vénéraient leurs propres arii. Par exemple aux îles Marquises la cheffesse Vahekehu assumait, elle aussi, des fonctions de « reine ».
Pomare II, une implacable évolution
Pomare I régna jusqu'à sa mort en 1803. Il consacra sa vie à légitimer son trône par le mariage et la guerre, en quelque sorte, « à l'ancienne». En 1803, beaucoup de nouveaux ingrédients permirent à son fils, Pomare II, de tirer parti d'une nouvelle ère, celle du commerce anglais et de l'implantation des Missionnaires dans les îles. Pomare II se lança dans « une guerre de religions », imposant par le force le dieu des Occidentaux, abandonnant despotiquement les anciennes idoles. Cette guerre s'acheva par sa victoire, contre les chefs conservateurs du culte ancien, dans la bataille de Fie Pi en 1815.
Tahiti |
Au cours de son règne, Pomare II apprit à lire et à écrire. Il aida à la rédaction de la bible en tahitien et il rédigea le « code Pomare ». Il imposa les nouvelles lois à tous les « districts » (anciennes chefferies) de son royaume. Afin de veiller au respect de sa dynastie, il installa ses alliés (d'anciens Arii) aux commandes des districts.
On pourrait croire que les Missionnaires se félicitaient du succès de Pomare II qui imposa leur religion au peuple polynésien. Mais, les hommes d'Église se méfiaient des agissements despotiques du monarque. Ils tentèrent d'endiguer ses manipulations princières, par diverses manoeuvres politiques. Afin d'enraciner leur autorité ecclésiastique dans le temps, ils prirent en main l'éducation du futur Pomare III.
Un demi-siècle de règne tumultueux
Pas de chance pour les missionnaires, le jeune roi, Pomare III, mourut en bas âge. En 1827, Pomare-Vahine fut sacrée reine à 14 ans. Sa vie ne fut qu'une succession de défaites, dont les résultats marquent encore aujourd'hui la société polynésienne.
Dans un premier temps, la jeune reine fut incapable d'exercer un quelconque pouvoir. Elle laissa quelques années son peuple à la merci des influences désastreuses des bateaux de guerres de passage, des baleiniers et des trafiquants de tous ordres qui relâchaient en permanence à Tahiti. La population, sans plus de chef désigné, rejeta en bloc le « code Pomare », jugé trop sévère. Ce fut la porte ouverte aux initiateurs de la secte des Mamahia qui tentèrent d'unifier l'ancienne religion maohie au christianisme. Ce syncrétisme eut pour conséquence de rejeter l'autorité des missionnaires et de remettre au goût du jour les danses et tous les ingrédients des cérémonies ancestrales. Mais ces rites sortis de leur contexte, suivis sans plus aucun repère culturel, versèrent dans l'orgie et le crime.
Dépassée par les événements, Pomare-Vahine accueillit dans sa cour un jeune pasteur aux dents longues : George Pritchard. Dès lors, les missionnaires protestants, qui avaient subi les manipulations de Pomare II, profitèrent de leur ascendant sur la reine.
Dans ces années troublées, Jacques Antoine de Moerenhout ethnographe, homme d'affaires, armateur, de nationalité franco-belge obtint, en 1836, le titre de Consul des Etats-Unis à Tahiti. Sa nomination ternit l'aura de Pritchart. Peu à peu, Moerenhout s'érigea en contre-pouvoir au directivisme pastoral : « Les missionnaires (...) modelaient à tort et à travers gouvernements, lois, institutions, arts, sciences, fabriques, etc. » Il s'allia à tous les chefs opposés à Pomare-Vahine, attisant les tensions entre la reine et ses ennemis qui ne reconnaissaient pas le pouvoir royal.
Dans ces années de dissension politique, la situation sociale des îles ne s'améliorait pas, la dépravation de la population était croissante, la mortalité et la dénatalité étaient si dramatiques que certains observateurs n'hésitaient pas à parler de « disparation programmée de tout un peuple ».
Couronne des Pomare, musée de Tahiti |
Dans ce contexte les ambitions antagonistes des Européens, et surtout la concurrence féroce que se vouaient Pritchart et Moerenhout n'arrangèrent rien. En 1837, Pritchart renonça à ses fonctions religieuses afin d'endosser les responsabilités de consul d'Angleterre. Dans le même temps, il expulsa les Pères catholiques Laval et Caret et s'arrangea pour que le consul des Etats-Unis, Moerenhout fut discrédité à Washington et démis de ses fonctions.
L'amiral Dupetit-Thouars, en affaire avec la cheffesse Vahekehu des Marquises, reçut l'ordre de cingler vers Tahiti afin de « demander complète et éclatante réparation de l'insulte faite à la France » lors de l'expulsion des deux ressortissants catholiques. A son arrivée sur Tahiti, Moerenhout lui désigna les chefferies « pro-françaises » avec lesquelles il s'allia. Pendant l'absence de Pritchart, il arracha des excuses de Pomare IV et conclut sans réel assentiment, le 4 septembre 1839, un traité accordant aux Français, la liberté de s'établir et de commercer dans ses Etats, soit un Protectorat français. De plus, Dupetit-Thouars fit Moerenhout consul de France.
Pendant ce temps, Pritchard « accourut » en Angleterre pour demander une aide militaire et un protectorat national. Celui-ci lui fut refusé, l'Empire britannique entendait garder de bons rapports avec les Français et nourrissaient des ambitions autrement plus importantes dans le Pacifique Sud. Pritchart désavoué ne se découragea pas. De retour à Papeete, il suggéra à la reine de ne pas respecter ses engagements vis-à-vis des Français, et travailla à l'encontre des ordres qui lui avaient été donnés par son gouvernement.
Palais royal Pomare V |
Quand Dupetit-Thouars revint à Tahiti en 1843, il constata la situation et se heurta à la reine pour une histoire de pavillon instiguée par Pritchard. Celui-ci fut expulsé, et l'amiral remplaça les accords de protectorat par une annexion pure et simple. Des remous politiques s'en suivirent sur la scène internationale, désavouant les héros de la veille et rétablissant ceux du lendemain. Le résultat de cet imbroglio aboutit au départ des navires britanniques et de Pritchart vers les Samoa. La reine Pomare s'exila à Raiatea.
En 1844, les Tahitiens, agacés par l'arrogance militaire française, joués comme de vulgaires pions sur l'échiquier international, se lancèrent dans une « guerre d'indépendance ». Outre Tahiti, elle gagna l'ensemble des Îles sous le vent. L'année 1946 fut particulièrement dévastatrice pour les guerriers polynésiens, elle marqua la fin de la guerre. En 1848, Papeete ne comptait plus que 1248 habitants, et Tahiti 8000.
Malgré de nombreuses échauffourées qui éclatèrent sporadiquement aux quatre coins de l'archipel, la France établit peu à peu son autorité dans l'archipel. A la mort de Pomare-Vahine, en 1877, tout le Territoire n'était pas encore complètement sous contrôle.
La fin de tout : Pomare V
Le fils de Pomare-Vahine, Pomare V fut couronné en 1877. Il abdiqua en 1880. Par manque d'intérêt pour les affaires politiques, il offrit les îles à la France, qui en fit la base de sa colonie baptisée : « les Etablissements français d'Océanie ». En échange de ce cadeau royal, Pomare reçut du gouvernement français une pension, ainsi que les titres d’officier de la Légion d’honneur et du Mérite agricole.
En 1891, par trop de passion consacrée aux breuvages éthyliques, Pomare V décède à l'âge de 52 ans. A son enterrement, Paul Gauguin, fraîchement débarqué, suit le cortège. Il aiguise son jugement artistique sur la sépulture. Il éprouve un sentiment de répulsion pour " ce monument vénérable en contraste avec la belle nature ", amas informe de pierres de corail liées entre elles par du ciment.
Des rebondissements royaux
La suite de l'Histoire est à trouver dans l'établissement des colonies françaises en Océanie, qui sera traitée dans une autre rubrique.
Pour leur part, les descendants des Pomare perpétuèrent une coutume maohie : la généalogie. Ce qui permit à Joinville Pomare de se proclamer Pomare XI le 28 mai 2009. Il se prit tant au jeu, qu'il voulut se faire sacrer le 9 septembre 2009. Mais, il souleva la vive opposition, d'une branche de la famille, qui trouva un leader en Léopold Pomare, descendant de la reine Pomare IV. Devant cet imbroglio représentatif de toute grande famille, les intéressés cherchèrent un arbitre en Oscar Temaru, président de la Polynésie française, lui-même cousin de la famille royale...
Ce dernier épisode a certainement « réchauffé » l'ambiance des réunions familiales de ce début de siècle!
Petit résumé dynastique
Pomare Ier (1743-1803)
Nommé Tarahoi Vairaatoa à la naissance, également désigné par les noms de Mate, Teina et surtout Tu (arii Tu), il est avant son « sacre » un chef (arii) tahitien, il adopta le nom de Pomare vers 1790. Il abdiqua, en 1791, mais demeura régent de Tahiti de 1791 à 1803. Il se maria 4 fois et eut 2 fils et 3 filles.
Pomare II (1782 – 1821)
Né Tunuieaiteatuai, il régna sous la régence de son père à partir de 1791, puis seul à partir de 1803. Il fut marié à Tetua-nui Taro-vahine, qui mourut le 21 juillet 1806. Il fut baptisé le 16 mai 1819 et les missionnaires anglais l'aidèrent à asseoir son pouvoir. Il mourut à Moorea le 7 décembre 1821 rongé de dipsomanie. Son fils Pomare III lui succéda, mais il mourut en bas âge.
Pomare IV ou Pomare Vahine (28 février 1813 - 17 septembre 1877).
Née Aimata, elle était la fille de Pomare II et de la princesse Teremoemoe Tamatoa, fille de Tamatoa III, Arii de Raiatea. Après la mort, en janvier 1827, de son frère Pomare III, elle fut sacrée reine de Tahiti, de Moorea et de ses dépendances. Son règne dura de 1827 à 1877, d'abord sous l'influence des missionnaires britanniques ( dont George Pritchard), puis sous le protectorat français.
Pomare V (3 novembre 1839 – 12 Juin 1891)
Nommé à la naissance Teri’i Tari’a Tera’atane, il devint roi de Tahiti après le décès de sa mère le 17 septembre 1877. Il fut couronné le 24 septembre de la même année à Papeete. Il fut enterré dans la tombe royale Utu’ai’ai à Arue.
Sa Majesté la reine Marau
La seconde épouse de Pomare V est également sa nièce, la princesse Joanna Marau Taaroa Tepau Salmon, de sang-mêlé (demi-juive, demi-tahitienne) fut sans en occuper les fonctions la « dernière reine de Tahiti ». Elle était la digne héritière du clan des Teva, longtemps opposés aux Pomare.
Sources bibliographiques :
- le Voyage en Polynésie _ Jean Jo Scemla
- Souvenirs d'un vieux Normand _ Récit de ma vie d'aventures et de navigation
- Aux Marquises _ Dominique Agniel
- Te fenua Le livre de tahiti _ Jean Louis Saquet
- Pour comprendre la Polynésie française_ Ouvrage collectif éditions île de Lumière
- Te fenua enata _ Patrick Chastel
- Tahiti Ma'ohi_Bruno Saura
- Terre et civilisation Polynésienne _éditions Nathan
- Voyage aux îles du grand océan de Jacques Antoine de Moerenhout
Sur Internet
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