Avea, paradis ou enfer?

 


Lorsque nous pénétrons, pour la première fois, dans la baie d'Avea, je suis saisie par sa beauté. Immense, elle dessine un arc de cercle au bord d'une des rares longues plages de Polynésie. Des collines verdoyantes tapissent la partie nord, tandis que le reste du mouillage est protégé de la barrière de corail. Quelques habitations et pensions parsèment le rivage, mais rien ne choque l'oeil. Les courbes, la lumière, les couleurs tout n'est ici que plaisir des yeux, volupté harmonieuse... Je rêve de ne plus simplement rester "au bord" de ces paysages, mais de les vivre en grandeur nature. De mettre le pied à terre, de palper, de pénétrer dans cette forêt généreuse.


Coucher de soleil sur Raiatea

Malheureusement, un coup de Mara'amu nous garde prisonniers à bord! Vite que le coup de vent passe, pour que nous puissions laisser notre Etoile, le coeur tranquille, au mouillage et nous promener à terre...


Au soir, tandis que le soleil se couche dans des teintes cuivrées, derrière l'île voisine de Raiatea, nous entendons d'innombrables chants d'oiseaux. Cela fait très longtemps que nous ne les avons entendus. En Polynésie, la gent ailée terrienne ou pélagique se fait rare, la faune est plutôt sous-marine.


Malheureusement, en à peine 24 heures, notre mouillage s'est révélé sous un autre angle. La configuration de la baie ne laisse pas présager d'une mauvaise protection, néanmoins elle l'est par coup de vent de sud-est. Rien d'agréable, rien d'insurmontable non plus, la vie de bateau, en somme... Notre Etoile tire sur sa chaîne, se bride dans les rafales, l'ancre est plantée dans le sable, l'alarme mouillage est de fonction, tout va bien. Je m'installe dans le cockpit, avec mon ordi. Quelle plus belle situation? Mon bureau au creux de la plus belle piscine du monde, vue sur les collines verdoyantes? Mais, une odeur suspecte me titille les narines. Je lève la tête. Je n'en crois pas mes yeux, les collines si belles sont envahies d'une fumée épaisse suivie d'énormes flammes orange. Spectacle ô combien désolant que de voir la forêt, qui mit des années pour atteindre une telle maturité, s'anéantir par la faute d'inconscients!


Incendie de 2012

Au coucher du soleil, nous voyons, enfin, un camion de pompiers passer rapidement sur la route sous la forêt qui brûle depuis douze heures. Les gyrophares en fonction, mais il ne s'arrête pas. Puis enfin, à la nuit tombée, nous voyons plusieurs véhicules avec des gyrophares. Ils patrouillent sur la route. Entre la forêt en amont et les habitations le long du rivage. J'espère qu'ils resteront au près de la population toute la nuit (ce ne sera pas le cas). Avec la noirceur, nous discernons de nombreux foyers qui se propagent sous les rafales. Si les dieux maohis aiment encore leur terre, qu'ils lui envoient un gros grain, une pluie violente pour cesser ce carnage!


"Accepte ce que tu ne peux changer" m'a dit un sage...


Même au Paradis, dans la même journée, nous pouvons subir un coup de vent, et assister, l'âme impuissante et triste, à un incendie de forêt. Nous devons fuir, sous peine de nous retrouver sur le pont tels des "poulets boucannés". Nous pensons aux habitants de la côte, pour qu'ils ne perdent pas tout... Nous pensons à la faune, aux oiseaux que nous entendions chanter, là où aujourd'hui leurs nids sont brûlés.


"On ne changera plus le monde, mais il ne nous changera pas non plus..." (JJG O belle)


Demain est autre jour et le soleil se lève aussi.
Et Promis... j'ai aussi de belles images en stock, celles qui existent, qui sont là... à portée des hommes qui désirent les connaître pour mieux les protéger.


Huahine Huahine Huahine Huahine Huahine Huahine Huahine
 
© Droits réservés 2012 : etoiledelune.net | Article rédigé par Nathalie - Mise en page de Dominique