Marquises : Fatu Hiva

Danseuses marquisiennes

Des pics de plus de 1000m

Message 86 – écrit en juin 2010
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Position de L'Etoile de Lune : Marquises - Hiva Oa

Vertiges océaniques

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" Tu sais quelle dure scorie est ce monde...
Il est vain de tenter de le fléchir ou de l'attendrir par tes larmes, ta sueur ou ton sang.
" John Donne.

Remerciements particuliers
Un gros merci à nos amis du réseau du Capitaine : André, Louise, Nycole, Jean-Yves et Pierre pour avoir défié la propagation des ondes afin de nous accompagner, dans notre traversée. Vous nous manquez!

Dans notre : journal
Vous trouverez tout le suivi au jour le jour de notre traversée du Pacifique depuis les Galapagos jusq'aux îles Marquises.

Programme de navigation à venir :
Découverte des mouillages des îles du sud des Marquises ( Hiva Oa, Tahuata).

En fin de message :
Complément du mois : Le régulateur d'allure pour longues traversées.
Photo du mois : La petite Christine, son nom marquisien signifie "couronne de fleurs" Heipoua.


Résumé
Nous quittons les Galapagos le 17 avril. La météo est annoncée belle, nous piquons au sud pour éviter les zones de calmes et de grains, mais nous nous retrouvons sur un océan sauvage et sans pitié pour notre Etoile. Nous nous sentons, pendant 16 jours, comme deux pauvres chaussettes oubliées dans une machine à laver qui ne cesse de tourner. Jusqu'à la pointe sud de Fatu Hiva, l'océan nous montre qu'il est le maître chez lui. Ce qu'il nous fait subir augmente notre admiration pour le peuple maohi, celui qui s'est, le premier, élancé sur cet océan, conquérant chaque île de cet espace immense.

Au bout de 20 jours et 3 heures de navigation, s'ouvre devant nous la légendaire baie des Vierges. Le mythe s'écroule en comptant le nombre de mâts qui se dandinent dans le mouillage. Fini le temps des aventures solitaires dans les lointaines Marquises. Les technologies embarquées ont amenuisé l'océan Pacifique aux yeux des navigateurs qui n'hésitent plus à s'y précipiter.

Dans une ambiance "camping", nous découvrons une île au visage anguleux et incisif où les tempéraments des villageois d'Hanavave se calquent sur les "dents de scie" du paysage.


Bonjour,

Lorsque nous nous élançons sur le Grand Océan, nous avons la tête farcie d'images. D'abord celles de la traversée atlantique de l'Etoile, du temps où Lune (notre chienne) nous accompagnait et où 360° d'horizon emportait le moussaillon dans des débordements lyriques à marquer dans les annales : "L'océan est un jardin d'écume où chaque matin l'on cueille une part de soi-même" (http://perso.orange.fr/etoiledelune/Mail/mail_30.htm).
Carpe diem...
Pour y trouver autre chose à cueillir qu'une mousse blanchâtre décochée à chaque rafale, encore eut-il fallu rencontrer les 110 jours de calme qui gratifièrent l'entrée de Magellan dans ce grand océan qu'il qualifia si mal de "pacifique" !

Assis ou couchés, tel est notre destin, dans cet univers splendide à qui le regarde du rivage.

Suspendus au-dessus des abysses, nous subissons les humeurs d'une portion démesurément liquide de notre si belle planète. Impossible de faire demi-tour, ou de se dérober, notre délivrance se paye à coup de milles nautiques tracés sur un amas de vagues informes. Nous prenons celles de l'arrière poussées par le vent et celles qui traversent le pont, nous assènent des gifles magistrales. Celles-là sont engendrées par les tempêtes qui sévissent dans le Grand Sud.

Nous aurons droit à une totale, chevauchant, en même temps, un enchevêtrement de houles de nord-ouest, de sud-ouest et d'Est. Dans ce cafouillage océanique, notre Etoile cède à la confusion et le moussaillon regarde chaque soubresaut de ce lunatique Pacifique avec des yeux de haine.

Dom reste le seul garant d'une certaine stabilité, non celle des corps, cela est hors de tout pouvoir humain, mais mentale. Il s'occupe de celui que nous surnommons E.T. , notre régulateur d'allure. Il demande de constants réglages. Nous adoptons toutes sortes d'allures pour le satisfaire: génois tangonné, grand-voile seule, génois et grand-voile, tours dans le génois, ris dans la grand-voile, renvoi de toute la voilure... Les allers et retours entre le pied de mât et le cockpit sont nos balades quotidiennes.

Pour nous échapper de ce désert sans vie et des acrobaties abrutissantes, il reste la lecture. Chacun son répertoire. Dom dévore des romans et je me lance à corps perdu dans les carnets de voyage des anciens navigateurs, ceux qui jetèrent l'ancre au pays des Maohis. Une passion naît pour un peuple courageux et entreprenant. L'Histoire est tellement plus belle lorsqu'elle est émaillée de mystères. Sur l'océan Pacifique, les Maohis sèment les secrets aussi facilement que le Petit Poucet laisse des cailloux derrière lui.

Aujourd'hui encore, une part entière de leur histoire nous est inconnue. Nous savons néanmoins, et au contraire de ce que Thor Heyerdahl essayait de prouver avec son expérience du Kon Tiki, que le premier peuple qui s'établit dans les îles du Pacifique vient d'Insulinde et de Chine. Donc de l'ouest.

Cet océan que nous traversons laborieusement avec les alizés, ils l'ont sillonné sur des esquifs archaïques, contre les vents, contre les courants et contre la houle. Ils ont rallié des îles qui se situent à plus de 13 000 kilomètres de leur terre d'origine, sans carte, sans autre repère qu'un chemin d'étoiles, sans autre compas que le soleil, sans autre possibilité de calcul des longitudes que l'estimation des distances lunaires.

Aucun peuple ne s'est établi aussi loin de ses racines en voyageant par la mer. Les Vikings, eux-mêmes, n'ont pas accompli cet exploit.

Songez que les Maohis viennent du Sud-est asiatique, qu'ils affrètent des pirogues en bois léger et qu'ils partent au petit bonheur sur l'horizon, espérant trouver sous les nuages des bouts de territoires où ils pourraient faire souche. Les premiers s'élancèrent il y a plus de 30 000 ans. Leur territoire s'étend dans un triangle dont les sommets sont Hawaii, l'île de Pâques et la Nouvelle-Zélande. Tous les archipels compris entre ces trois points ont été conquis par les Maohis, et ce, sur un océan qui occupe 40 % de la surface totale de la planète.

Attention, ne confondez pas les Maohis et les Maoris. Les premiers sont les ancêtres des seconds. Les Maoris sont cantonnés à la Nouvelle-Zélande. Les Maohis s'éparpillent dans tout le triangle polynésien. Leur nom se compose de « Ma » qui signifie « pur, propre, digne » et de « Ohi », ou « rejetons qui fait des racines». Donc, le Maohi est un homme libre qui a su se réimplanter en gardant ses racines. (Jean-Jo Scemla-Le voyage en Polynésie)

Quatre cent quinze ans après le navigateur espagnol Mendena, nous doublons tout comme lui le cap sud de Fatu Hiva. Il fut le premier Européen à jeter l'ancre dans la baie d'Omoa. Sous le village, j'ai du mal à imaginer les 70 pirogues et les 400 insulaires qui accueillirent son navire. Omoa, tapi au creux d'une vallée cernée d'aiguilles basaltiques hallucinantes paraît endormi. Un clocher blotti dans une végétation exubérante est le seul indice qui trahisse la présence humaine dans les parages. Le mouillage est désert, car il est impraticable en raison de la houle de sud-ouest.

En abordant l'île, des images s'emparent à nouveau de nos esprits. Samuel Wallis, Bougainvillier, James Cook, Fletcher Christian et... jusqu'à Marlon Brando ont véhiculé le mythe des îles du Pacifique. Les jolies vahinés à la peau dorée, les insulaires accueillants (quoiqu'ils se plaignaient tous de leur penchant chapardeur), la vie facile égrenée au son des tambours et soulignée par les courbes charmeuses de danses lascives. J'ai dans la tête une foule de mélodies que j'aimerais écouter « pour de vrai ».

A l'approche de la baie d'Hanavave, nous nous rendons compte, à quel point nous ne sommes pas seuls à nourrir notre imaginaire. Trente-deux mâts donnent à la légendaire baie des Vierges (Hanavave), des allures de « camping» flottant.

Marquises Etoile De Lune

Les affres de la traversée sont oubliées au premier coup d'oeil lancé au décor saisissant. Pour vous le décrire, je ne vais pas m'en tirer à coup d'allusions scabreuses, sempiternellement répétées par les navigateurs, au sujet des symboles phalliques que représentent les à-pics qui tapissent le fond de la baie. Mais toute la communauté navigante s'accorde à dire que la baie d'Hanavave est "unique au monde".

Les monts environnants écrasent notre étrave de plus de 900 mètres d'altitude. Les sommets laissent à peine passer le soleil de l'hiver austral. Un dédale de couloirs se faufile entre les hauteurs. Le vent s'y engouffre et dévale sur le mouillage à vive allure. Sur ce chemin de falaises, les promontoires jaillissent d'un trait. Sombres, taillés comme des géants à l'âme rude, ils figurent des statues de divinités maohies. Nous sommes cernés de tikis gigantesques. Ils posent un oeil draconien sur nos vies de passage.

A peine avons-nous posé l'ancre dans plus de 20 mètres de fond que les occupants d'une barque viennent à notre bord pour nous proposer de participer au four polynésien qu'ils organisent.

Nous passons du rêve à la réalité...

Nous acceptons et réservons notre place pour 15 euros par personne. Le choc est vif. Depuis quatre ans nous vivons dans des pays où un repas coûte 2 dollars. Pas de panique... c'est le prix du rêve!

Dès le lendemain, nous nous rendons à la demeure de notre hôtesse. Là, nous observons la cuisson du cochon, des poissons et de la chèvre par la méthode ancestrale du four enterré. Ici s'arrête la tradition et démarre la réalité. Le reste du repas, je dois l'avouer, n'est pas baigné dans une ambiance polynésienne typique. Pas moins de quinze Américains, d'une dizaine de Canadiens anglophones, plus deux Français, outre nous, se dépatouillent mal avec le riz qui file entre leurs doigts et la viande brûlante. Car pour 15 euros, la coutume veut que nous mangions avec les mains dans des gamelles en plastique. La musique, sortie d'une sono turbulente, ressemble plus à une « rave party digne de séduire l'ancien ministre de la Culture Jacques Lang» qu'à l'idée que je me faisais du ukulélé.

Bienvenue aux Marquises du 21e siècle!
Et pourquoi pas eux?

La population a bien compris que Fatu Hiva, et en particulier, la baie de Hanavave représente un goulot d'étranglement du flux migratoire des navigateurs du Pacifique. Ils deviennent, comme les Américains les qualifient, « hungry money». Leur bonjour, ici, se traduit par "Viens ici, tu as quelque chose à échanger?". Et ce quelque chose est toujours pareil : de l'alcool!

La faute à qui?

Nous voici spectateurs d'un trafic auquel, "naïvement", nous ne nous attendions pas. Contre fruits succulents, vitaminés et bons pour la santé, les navigateurs échangent leur mauvais vin et rhum achetés à bas prix au Panama. Bref, les navigateurs se ressourcent tandis que les locaux se brûlent la cervelle et le foie. Ce marché existe depuis plus de 200 ans. Déjà du temps des trafiquants baleiniers et des pilleurs de bois de santal, les marins échangeaient de l'alcool frelaté contre des denrées. Aujourd'hui, les plaisanciers perpétuent ce commerce sans soucis du lendemain. A quoi bon? Ils lèvent l'ancre au bout de quelques jours, sans la moindre conscience des dégâts qu'ils laissent derrière eux.

Nous sommes une minorité de bateaux à ne pas céder à ce trafic. Cela nous est totalement et humainement impossible.

Conséquence de cette pratique, une part importante des hommes du village ne dessaoulent pas. En plus de l'alcool, d'autres substances sont consommées. Celles-ci n'améliorent pas leur état et conduisent à des drames familiaux. Et puis, tôt ou tard, les comportements se retourneront contre les visiteurs.

Pour notre part, nous avons laissé cette poignée d'ivrognes à ce qu'ils étaient. Nous nous sommes concentrés sur des familles accueillantes, qui ne voyaient pas en nous un « interlocuteur-cochon-payeur» qu'on insultait lorsque l'alcool avait tapé trop fort.
« Vous êtes Français? Rentrez chez vous».
En six ans de voyage, nous n'avions pas encore entendu cette phrase-là. Il faut un début à tout.

Ceci devait être dit, à présent passons à ce qui en vaut la peine et concentrons-nous sur ceux qui souffriraient trop qu'une telle image soit généralisée.

Il y a d'abord les enfants. Notre séjour s'est passé sous le signe des rires et des espiègleries des bambins de l'île. Ils ont vite repéré, mes tendances un peu gourmandes et m'ont surnommée : Nathalie-Chocolat. Je suis très fière de cette distinction ! Avec eux, nous avons presque établi un laboratoire photographique à bord. Ils étaient passionnés par mon appareil, et ne désiraient pas être pris en photo, mais prendre en photo leurs petits copains. Très vite, ils ont montré de belles dispositions dans l'art du cadrage. Et bien sûr, il fallait leur imprimer les clichés. Notre imprimante a encore vu rouge!

Parmi les habitants, nous avons rencontré Augustine qui récolte ses pamplemousses et ses bananes qui mûrissent tous en même temps. Elle nous interpelle tandis que nous nous baladons, et elle nous confie bananes, pamplemousses et citrons à partager entre les navigateurs du mouillage.

Nous retrouvons tous les jours, Maryvonne et ses trois enfants : Melissa, la grande, Te Vai Tiare et son frère jumeau Metani. Maryvonne et moi avons le même âge, nous passons des moments à discuter. Elle aime que je sois bavarde...
Aie, aie, aie... que ne m'a-t-elle pas dit là!
Un matin, elle nous dit de venir chercher des oranges et des pamplemousses. Nous lui amenons des vêtements, pour les enfants, des cahiers pour l'école... Le lendemain, elle nous prépare le kai kai (repas) : pâtes, poisson cru, bananes plantains arrosés de lait de coco. Ce n'est pas parce qu'il est 10 heures du matin et que nous sortons du petit déjeuner qu'elle acceptera que nous refusions son invitation.
Il faut que je me remplume, dit-elle!

Et puis, nous trouvons dans le village d'Omoa, une ambiance radicalement différente de celle qui règne à Hanavave. Là, les navigateurs ne passent pas ou alors, ils sont épuisés par une marche de 4 à 6 heures. Pour rallier ce village, nous n'avons que deux solutions. La mer ou la terre. Par la mer, les autochtones nous demandent 50 euros pour parcourir en barque 3 petits milles.
Non merci!
Le mouillage de Omoa, trop houleux, est impossible à notre Etoile. Nous faisons plusieurs aller-retour en annexe. C'est très faisable. Pour plus de sécurité, nous partons parfois accompagnés d'autres annexes. Et puis, nous croisons le bateau Yovo, qui aimablement nous permet de rallier avec leur annexe Omoa pour que nous puissions faire la randonnée qui relie les deux villages. Soit une randonnée de 17 km que nous effectuerons en 5h30.

Oh! Je vous entends d'ici... Vous vous dites que nous nous sommes encroûtés! Peut-être, mais pas autant que vous le croyez. Il a fallu huiler les rotules pour parcourir les 17 km et leurs dénivelés. La route monte à pic dans une montagne qui tutoie les nuages à presque 1000 mètres d'altitude. Les crêtes dans un labyrinthe végétal se succèdent et finalement la descente n'est pas une libération, elle est aussi dure que la montée.

Mais cela vaut le coup!
D'abord pour la joie de retrouver la population de Omoa.

Nous y avons vécu la fête de l'ascension. La procession de tout le village est l'un des moments les plus émouvants du séjour. Au son des guitares et des ukulélés, tous les villageois chantent les cantiques en marquisien. Les voix aiguës teintées de ferveur sont irrésistibles et m'arrachent des larmes tandis que de gros bras tatoués sont heureux de faire connaissance avec Dom.

Ils nous abordent et nous souhaitent la bienvenue dans leur village. Ils sont fiers de nous dire que le sang maohi coule dans leurs veines. Si les missionnaires du dix-huitième siècle ont tenté d'effacer leur culture, eux nous disent que leur mémoire est dans leur sang. Les sigles maohis sont dessinés partout sur leur peau. Ils sculptent d'incroyables tambours, pour leur heiva (fête), ils perpétuent l'art ancestral et parlent la langue de leurs ancêtres. Il manque des pièces dans leur puzzle, mais ils sont les dignes héritiers des fiers guerriers d'autrefois.

A Omoa, nous rencontrons, aussi, Juliana, de son nom marquisien Turiana. Une merveilleuse vieille dame à laquelle nous rendrons visite chaque fois que nous en avons l'occasion. Elle m'enseigne l'art du tapa. C'est une étoffe à base d'écorce d'arbres à pain, de rosier de chine ou de banian. Fatu Hiva et le village d'Omoa sont les gardiens de cet art oublié dans le reste de la Polynésie. Turiana passe une matinée entière à m'expliquer la confection de cette étoffe unique au monde, qui était autrefois leur seul vêtement. Aujourd'hui, selon l'état de fabrication, le tapa est encore utilisé pour envelopper le nouveau-né. Mais il est surtout devenu le support d'oeuvres d'art. La petite fille de Turiana peint des guerriers maohis, les pirogues sur lesquelles ils sont arrivés jusqu'ici, des tikis ou demi-dieux, et une foule de symboles dont, elle seule perpétue la signification.

Avant de quitter Omoa, nos amis Richard et Corinne qui tiennent l'épicerie/boulangerie, nous rattrapent par le col. Ils ne supportent pas de nous laisser entamer la randonnée vers Hanavave sans emmener un casse-croûte préparé par leurs soins. Nous le dégustons devant l'un des plus beaux panoramas de ce séjour.

Le monde est ainsi fait! Nous y croisons les destins des gentils, les fantaisies des autres. L'humeur humaine est à l'aune des montagnes de l'île : « en dent de scie». L'important est de courber l'échine sous l'orage. Et de se redresser pour se réchauffer aux premiers rayons du soleil.

A bientôt,

Amitiés marines
Nat et Dom de L'Etoile de Lune

Le régulateur d'allure pour longues traversées

La hantise de tout navigateur partant pour une traversée océanique est que son pilote automatique tombe en panne. En équipage restreint, barrer 24h/24 est une torture qui peut mener à l'abandon.

Pour remédier à ce type de désagrément, beaucoup d'équipages embarquent en plus du pilote principal, un régulateur d'allure. Souvent, celui-ci reçoit un sobriquet du type : Raymond (barre)... Le nôtre est surnommé E.T. comme le héros extra terrestre de Spielberg. Le mouss lui trouve des affinités, sa pale aérienne ressemblant au long doigt pointé vers sa planète et les gémissements que notre régulateur pousse à chaque rectification de cap, ressemblent à sa phrase célèbre prononcée d'une voix chevrotante : « E.T. phone home»

Outre cet anthropomorphisme qui n'a rien d'utile en matière de nautisme, le régulateur permet de barrer le bateau, sans besoin d'énergie. Par des systèmes de rappels d'écoutes frappées sur la barre, le régulateur suit le vent mécaniquement. Pas d'électronique en jeu. Il faut simplement prévoir un jeu d'écoute et des poulies en supplément (au cas où.).

Contrairement à un pilote réglé en mode « cap», le régulateur ne peut pas empanner intempestivement. Cela dit par mer houleuse, son gros défaut est qu'il nécessite d'incessants réglages et qu'il peut décrocher dans une houle débridée, inconstante et croisée. Cela est arrivé une seule fois en deux traversées océaniques de chacune 20 jours.

Le système est, dans certaines versions, démontable. Ce qui permet de ne pas devoir se retrouver en permanence avec cet appareil inesthétique à l'arrière de son bateau.

Il est possible d'adjoindre au régulateur d'allure un petit pilote automatique type "autohelm 2000" que l'on couple à l'aérien. Ce dernier est utile en cas de manque de vent. Un régulateur gère facilement les vents forts, mais il se débrouille mal par petit temps. Le petit pilote palliera cette lacune. D'autre part il devient possible par cette technique de travailler en mode "Cap" et de suivre une direction plutôt que le sens du vent.

Sachez également que lorsque les réglages ne vous paraissent pas stables, la voilure en est souvent la cause. N'hésitez pas à adapter le gréement afin d'équilibrer le bateau et ainsi de soulager le régulateur.

Enfin, si vous comptez bien, nous avons donc à bord trois pilotes : le pilote automatique principal, le régulateur et son petit pilote.

Lorsque nous partons pour des navigations de plus de 800 milles, nous montons systématiquement ce système. Nous partons, ainsi, l'esprit tranquille.

Photo du mois

La petite Christine, son nom marquisien signifie "couronne de fleurs" - Heipoua



 
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