Message 70 – écrit en mars 2008
Nombres de milles parcourus : 10 830 milles
Nombre d'inscrits à la lettre du mois : 601
Zone de navigation : Sud-ouest côte de Colombie caribéenne - De Rosario à Sapzurro

Locolombia
Paradoxale Colombie

"Si nous aimons tant être en pleine nature, c'est parce que la nature n'a pas d'opinion sur nous." Nietsche


Info
Notre dernière escale "civilisée" remonte au 23 janvier 2008. Depuis, nous n'avons plus trouvé la possiblité de nous connecter sur Internet. Pendant ces semaines de villégiature, notre boîte à mails s'est remplie de nombreux petits messages tous plus gentils les uns que les autres.. Témoignages, encouragements, questions de nos lecteurs. Certains d'entre vous, nous disaient même s'inquiéter de notre silence. Nous vous remercions tous pour cette correspondance amicale, rassurez-vous tout va bien à bord. Nous vous répondrons en particulier, laissez-nous simplement un peu de temps pour traiter 190 messages qui nous ont attendu si sagement...

De nombreux albums photos ont été mis à disposition sur le site, pour les trouver facilement cliquez sur le défilement de photos ci-contre.

Résumé du message

Nous quittons Carthagène fin janvier. Nous sommes tristes de laisser cette ville merveilleuse, mais notre Etoile n'en peut plus de vivre couverte d'un manteau de bernacles. Il faut s'occuper d'elle. Finies les visites culturelles, à nous le large et les archipels de Colombie. Au programme Baru, Rosario, San Bernardo, Fuerte et Sapzurro. Partout, nous n'avons rencontré que gentillesse et accueils chaleureux. Même si certains Colombiens nous ont confié leurs inquiétudes concernant la situation du pays, tous ont toujours été affables avec nous. Pas une once de violence, une douceur et un respect quotidiens qui font mentir la réputation de ce pays.

En fin de message vous trouverez :
L'astuce du mois : Choix d'éolienne et d'une énergie douce et silencieuse!
La photo du mois : Le marchand de glaces


Bonjour,

Je vous épargne le grand nettoyage de notre Etoile, sans une pluie diluvienne qui tarde, nous ne parviendrons pas à désincruster la poussière urbaine qui a colonisé toutes les surfaces du bateau : haubans, mats, drisses, filières, filets... Par contre ôter le manteau de bernacles de notre Etoile aura pris quatre jours à mon capitaine. Un déshabillage en douleur, mais sans un souffle de plainte!

Notre première escale en sortant de Carthagène est Baru. Sur les murs du club nautique qui nous a accueillis pendant 33 jours, un grand poster représente les cartes nautiques détaillées du coin. Chaque passe balisée de rouge et vert sur le papier semble pimpante, de quoi rassurer tout capitaine! Au bout de 15 petits milles de navigation, nous nous trouvons sur le premier point GPS. Aux jumelles, nous auscultons le plan d'eau à la recherche de pas moins de 10 bouées. Cinq vertes, cinq rouges! Une autoroute marine qui devrait nous conduire sans le moindre grincement de dents entre les récifs. Cependant, à moins de 500 mètres du point de la première bouée, nous sommes bien obligés d'admettre que de bouées, il y en a point!

Ou si peu!

Trois bouées répondent à l'appel. Trois sur dix, une belle moyenne! Nous prenons de confiance la première bouée verte sur notre bâbord : 5,3 mètres d'eau. Deuxième bouée rouge: 3,2 mètre d'eau. Troisème bouée verte: 8,2 mètre d'eau. Puis, un piquet. Un vulgaire morceau de bois affleurant. Il est 14 heures nous voyons plus que clair et ne voyons autour du piquet que de l'eau trouble dénonçant peu d'eau ou des bancs de sable. Au-delà des bancs de sable la mangrove. Le piquet est donc au milieu de la passe. Le capitaine me demande de quel côté je passerais.
Moi? Ben je passerais à droite du piquet. La bande d'eau entre la plage et la gauche du piquet me paraît si fine...
Le capitaine tranche, on passera comme le dit le moussaillon. Et ... mauvaise pioche!
Zéro mètre d'eau!
Pour le coup l'Etoile est ensablée jusqu'à la dérive, heureusement relevée! Les pêcheurs du coin, qui nous ont tranquillement regardés passer du mauvais côté du bout de bois, s'affairent et viennent en barque. Les uns enfoncés jusqu'à la taille poussent l'étoile. Deux autres dont le chef est Modesto, montent à bord. Soi-disant pour nous aider. Mis à part de crier : "yo soy capitan de un velero". (je suis capitaine d'un voilier) Il n'est pas très utile! L'opération se finit rapidement. Dom, le vrai! L'unique maître à bord sort notre Etoile de là à grands coups de marche arrière. Mais pour se débarrasser de Modesto et de ses copains il nous faut quand même débourser 120 000 pesos (60 dollars)

Vous vous souvenez des flibustiers au temps de la piraterie? Ils allumaient des feux sur les récifs pour faire croire aux navires qu'il y avait une passe. C'est ainsi que les butins les plus faciles à ramasser ont fait la richesse des mauvais garçons de mer...

Notre Etoile s'en tire à "moyen" compte et reste les quelques jours nécessaires à lui refaire une beauté au creux d'une mangrove très particulière. Adossée à une colline où quelques rares maisons sortent des franges des cocotiers, elle recèle en son sein de petits îlots. Si minuscules! Et pourtant, avec ingéniosité les plus belles maisons y sont construites. Sur pilotis, faites de bois, de bambous, elles cachent leur intimité sous d'immenses toits de palmes. Maisons de rêve qui s'intègrent si parfaitement dans la nature qu'elles imposent un silence respectueux. Ici, les plus riches familles de Colombie ont leur maison de vacances. Rien ne semble avoir le pouvoir de perturber leur quiétude.

A cinq petits milles nautiques de Isla Baru, nous trouvons l'archipel de Rosario. Pour la plupart des équipages seuls Carthagène et Rosario sont des escales fréquentables en Colombie. L'archipel compte des petits îlots sur lesquels des maisons de type différent sont construites : cocktail architectural d'un goût douteux. Les îliens vivent l'archipel comme une banlieue de grande ville. Trop près d'eux le luxe et l'argent coulent à flot. La comparaison de leur style de vie ne leur est plus tolérable. Alors, ils se vengent sur les moteurs d'annexe mal cadenassés. Ainsi, en une semaine quatre moteurs sont sacrifiés à l'inégalité sociale qui fait rage dans les parages. Ce n'est pas que nous ne nous sentions pas concernés, mais nous préférons faire du commerce, leur acheter du poisson, de l'artisanat, fournir des cahiers d'école ou des tee-shirts, plutôt que nous soumettre à cette contribution sociale déguisée. Nous partons donc vers le Sud, voir si l'ambiance est meilleure.

A 25 milles au Sud, nous trouvons l'archipel de San Bernardo. Une petite merveille... Six îles constituent l'archipel. Trois îles inhabitées. Puis trois îles habitées mais de manière bien différentes. Il y a d'abord Tintipan. Cette île est laissée aux voiliers. Les insulaires la nomme "la mère des moustiques". Vous comprenez donc, pourquoi, ils laissent tout étranger s'ancrer sous le vent de Tintipan sans même sourciller. L'île abrite une mangrove en labyrinthe. Très belle, elle est ponctuée de bouquets de cocotiers sous lesquelles quelques maisons sont construites. Ici, nous retrouvons les constructions en matériaux nobles : bois, palme. Les familles venant de Medellin, Bogota ou Cali se sont construit des maisons intelligentes. Les toits sont ouverts aux quatre vents pour filtrer l'air qui passe en permanence pour rafraîchir les demeures. Certaines habitations sont équipées de dessalinisateurs. Mais la plupart des habitants achètent l'eau de pluie aux Islotiens.

Lors d'une de nos balades en annexe, nous sommes hélés par un petit vieux qui nous regarde passer depuis sa terrasse. Il crie des "welcome", "Bienvenudo"! Il accompagne ses invitations de grands gestes. Pas moyen de faire celui qui n'a pas vu. Nous voici à faire demi-tour et à venir nous amarrer au ponton au pied de sa maison. Neilson, nous invite à monter sur son quai, il nous demande d'où nous venons. Quand nous lui répondons que nous venons de France, il crie à tue-tête : Blanca, Blanca!!! Apparaît alors sa femme qui a passé un an en Belgique en 1973, de ce séjour, subsiste de beaux restes de français. Il n'en faut pas plus pour qu'ils nous ouvrent en grand les portes de "sa maison". Nous voici partis dans les escaliers de bois à ciel ouvert, à visiter les chambres, les salles de bain, le grenier (où il fait le plus frais!), retour au rez-de-chaussée et nous voici dans la cuisine de Susy. Une grosse mama nous accueille d'une voix sonore et d'un sourire qui lui met des dents jusqu'aux oreilles. Elle se plante devant moi, elle me regarde comme si elle me faisait un fond de l'oeil. Et elle me demande comment je m'appelle. Impressionnée, je lui réponds. Elle part d'un grand éclat de rire, et elle me dit que je suis comme sa fille. Je porte la boucle d'oreille comme elle (une sur trois), elle aime mes cheveux, elle aime mes yeux. Indulgente... Il n'en faut pas plus pour être adoptée. Le reste de la flottille (mon capitaine, Patrick, le capitaine du cata qui navigue avec nous, et son neveu) me laissent en de bonnes mains. Je passe un temps fou à goûter en cuisine tout ce qu'elle prépare.
Bon dieu que c'est salé!

Au passage, j'ai droit à de la langouste, du crabe, de la tortue (pauvre tortue!), des patacones (bananes plantains frites), pagre... Arrêtez, je vais éclater!!! Mais non, elle me présente à sa mère, qui elle prépare une mixture dont je ne parviendrai jamais à savoir de quoi elle est faite et même si ça se mange. Toute la cuisson se passe dans la cour, sur un feu à même le sol.

Retour sous le patio, les capitaines sont en grande discussion avec le patron des lieux, le vrai propriétaire des lieux se nomme Jorge. Il possède une entreprise de recyclage au Venezuela, trois exploitations agricoles, de nombreuses bêtes de bétail... Cet homme est un passionné, dès qu'il se met à parler génétique du zébu, plus moyen de l'arrêter! Nous découvrons toute la famille. Des hommes bien installés dans la vie, des gros bras, un vétérinaire, des jeunes filles qui tournent comme des libellules autour de ce petit monde et Susy qui met de l'ordre dans tout cela. Au passage, si je suis sa fille, elle adopte Hervé, le neveu, comme fiancé... Hum!

Les discussions vont bon train, toute la famille s'apprêtait à partir, car leurs vacances se finissent là, au moment où nous nous rencontrons. Mais au diable les horaires, nous sommes en Colombie! Ils nous invitent avec insistance à partager leur repas. Une tablée de Colombiens hilares, à l'humour infantile et désinvolte. Lorsque nous prenons congé d'eux, nous avons la tête qui bourdonne de rires, de bonne humeur et de cet accueil qui nous a tant surpris.

De Tintipan à Islote, il n'y a pas un mille. Islote est l'antithèse de Tintipan. Si sur une île de 4 km de long on compte une vingtaine de maisons, sur moins d'un demi-hectare, Islote abrite pas moins de 1200 habitants. Deux mondes radicalement différents vivent côte à côte. Les Islotiens ont choisi leur bout de caillou au ras de l'eau. Car là, ils sont loin de la mère des moustiques. Ils vivent les uns sur les autres, les maisons toutes petites se jouxtent tant qu'il faut passer par la porte de l'une pour pénétrer dans la seule minuscule ruelle de l'île. Partout des enfants. Ils s'organisent avec de petits rien. Tous ont un membre de la famille qui travaille soit comme gardien, soit comme cuisinier, ou jardinier dans une des maisons des riches Colombiens. Les autres travaillent dans le magnifique hôtel de Punta Faro. Installé sur l'île de Mucura à un mille à l'ouest de Islote, il mérite une visite. Pour ceux qui désirent des vacances paisibles dans un des plus beaux cadres de cette planète, il vaut mieux se renseigner sur les prix. Une chambre vue mer pour une nuit représente le salaire de plusieurs mois d'un Islotien.

Les Islotiens passent en permanence devant l'Etoile. Ils ne possèdent pas de moteur hors-bord. Tout se fait à coup de pagaie ou de voile improvisée sur des barques qui défient le sens de l'équilibre et la poussée d'Archimède ! Au début de notre séjour, nous n'avons pas beaucoup de contacts. Des petits signes de la main tout au plus. Nous sommes patients, nous répondons à leurs signes, sans les brusquer. Nous nous risquons aussi à une visite au village. Nous demandons à la mamita du Pueblo si nous pouvons manger du crabe car sur sa façade, elle a peint en grand "RESTAURANTE". Pour tout vous dire si nous avons survécu à cette cuisine rustique, je pense que nous sommes prêts pour faire le tour de la planète et fréquenter les coins les plus reculés de celle-ci!

Peu à peu, les Islotiens s'habituent à notre présence. Il faut dire qu'il n'y a vraiment pas beaucoup de voiliers qui passent par là! Le premier à venir nous voir s'appelle Luis, sa batterie manque de liquide, il nous en demande et sommes heureux de le dépanner. Ce qui est adorable, c'est le ton sur lequel il parle. D'une politesse et d'une délicatesse extrême il nous dit : "Quiesiera un favor?" (J'aimerais quérir une faveur)

Le jour où LA lancha vient approvisionner le village, elle tombe en panne devant Islote. Freddy et Antonello viennent voir Dom, ils sont démunis, manquent de tout et du moindre outil. Le Cap sort toute sa boîte à outils, ils cherchent ensemble comment ils pourraient dépanner tout ça. Pour nous remercier, ils reviendront avec des tomates, des carottes et des pommes de terre.

La veille de notre départ, nous voyons une trentaine de pêcheurs s'affairer à relever les filets. Hervé et Patrick se mêlent à eux. Les Islotiens sont ravis de partager ce moment avec nous. Je reste sur le rivage à photographier toute la manoeuvre. Ils me lancent des "Hola Patrona!". Ils posent et sont fiers de montrer le produit de leur pêche. Ils pêchent des "sabalo" qu'ils mettent en vivier. Ils le nomment Sabado depuis qu'ils connaissent el Capitan Domingo de la estralla de luna. Domingo como el dia sin trabajo.
(le capitaine "Dominique" de L'Etoile de Lune, Domical comme le jour sans travail!)

Grande tristesse que de quitter cet archipel, où nous commençons à nous attacher aux habitants! Mais l'île de Fuerte nous attend à 30 milles plus au sud. Quand je dis qu'elle nous attend, c'est l'impression que nous avons eue dès les premières heures de notre séjour. Je ne vous raconterai que les jours, car les nuits au mouillage sont inracontables... Ca bouge, ça remue, difficile de trouver sa place tant le mouillage est inconfortable. Seule solution, loger à terre dans un hamac entre deux cocotiers! Pour le reste de nos journées, dès que nous mettons un pied à terre, nous sommes escortés par une ribambelle d'enfants.

Fuerte est l'île de la joie de vivre.

Située à 20 minutes en lancha rapide du continent, elle vit simplement. Quelques rares télévisions, quelques téléphones cellulaires sont les marques du 21ième siècle sur l'île. Par contre, pour le reste, les gens se déplacent en âne, l'île n'est pas reliée au continent pour l'eau ni pour l'électricité. Un groupe alimente quelques maisons au centre du village. Les autres maisons se débrouillent avec des lampes à pétrole. L'île compte sur une lagune où chacun va puiser une eau glauque pour le ménage. Des réserves personnelles pourvoient à l'eau potable. Il pleut 9 mois par an. L'île est fertile, tout y pousse : plantains, bananes, magnoc, canne, coco, pamplemousse, manguiers, arbres à pain... Pour la viande : cochons, poules, iguanes, pêche. Tous se débrouillent à faire quelques dollars par-ci, par-là...

Une école accueille les 500 enfants de l'île. Ceux-ci n'ont pas beaucoup de devoirs à faire. Car en dehors des heures de classe, un petit groupe d'enfants a passé tout son temps avec nous. En particulier, le petit Leinard, son frère Nelson, son cousin Luis Alfredo. Ces petits garçons de 8 à 11 ans nous retrouvent tous les jours après l'école. Ils nous guident dans un monde d'enfant où tout est émerveillement! Un arbre, une fleur, une lagune... Ils me demandent de faire un nombre incalculable de clichés. Ils posent. Ils jouent devant l'objectif. Ils me demandent de voir le résultat sur le petit écran. Plein d'énergie et toujours respectueux, ils sont heureux de voir de nouvelles têtes. Rapports complètement désintéressés. Un matin, je ramène sur papier le résultat de quelques clichés. La nouvelle circule vite! Je ne peux plus me balader sur l'île sans avoir de grands yeux ouverts et de beaux sourires face à moi. Je canarde tout ce petit monde et mon imprimante souffre et les cartouches d'encre expirent une à une...

A la fin de notre séjour nous laissons des baluchons de vêtements et des fournitures d'école à la seule française qui habite l'île. Elle est venue en vacances il y a 13 ans. Séduite par les beaux yeux d'un Fuertien, malheureusement décédé aujourd'hui, elle est restée sur l'île avec ses deux enfants. Elle est respectée de tous et je sais en partant qu'elle saura trier de tout cela, pour faire des heureux autour d'elle. Leinard et sa famille ont droit a leur baluchon. Notre départ est déchirant. Leinard, sa famille et ses amis sont postés sur un ponton pas loin de L'Etoile de Lune qui lève l'ancre. Ils crient tous : Domingo, Natalia... Et ils reprennent nos prénoms à m'écorcher le coeur pour de bon avant de partir...

A 80 milles dans le sud-ouest de Fuerte, nous trouvons le dernier village colombien : Sapzurro. Village du bout du monde relié par aucune route au reste du pays. Une fois de plus, nous rencontrons une famille qui nous ouvre ses portes. Elle a bâti un refuge avec chambres d'hôtes pour les quelques amoureux de paix qui passeraient par là. Alors que nous allons quitter la Colombie, nous trouvons pour la première fois dans notre périple colombien des natifs qui veulent bien nous parler de la situation du pays. Ils nous dévoilent la vision qu'ils ont sur ce qu'ils nomment le "paradoxe colombien". Ce pays où vivent 44 millions d'individus dont quelques dizaines de milliers de guérilleros est non seulement la proie d'une guerre civile, mais en plus, il est le premier exportateur mondial de cocaïne. (Personne n'a pu nous dire quel pays était le premier importateur ?) Peu de choses permettront de régler le problème définitivement, trop d'enjeux économiques supplantent tout et même quelques tentatives qui se voudraient révolutionnaires(?)

Cette famille comme beaucoup de Colombiens est fataliste. Ils trouvent qu'à un certain niveau les choses changent "un peu".

Par exemple, de nos jours, les Colombiens font du tourisme dans leur propre pays. Dans les années 90 c'était encore impensable. Chacun restait cantonné dans sa région, sans trop en sortir. A présent, les habitants découvrent leur pays. Nous leur rappelons qu'en janvier 6 colombiens ont été séquestrés alors qu'ils faisaient du tourisme dans l'état de Choco. Visiblement, ils ont suivi l'affaire de plus loin que nous... Ils nous affirment que même s'il reste 754 otages, la guérilla se limite à certaines zones connues de tous : les llanos, la région Amazone, l'état de Choco, les frontières du Venezuela et de l'Équateur... Carlos, qui nous accueille, nous révèle qu'il y a, à peine 8 ans, Sapzurro a été le théâtre d'une course poursuite entre les paramilitaires et les Farcs. Panama qui est de l'autre côté de la colline a eu si peur, qu'aidés par les États-Unis, ils ont mis la région sous haute surveillance : satellite, et toutes les armées sont présentes (terre, mer, air). Les grands moyens pour que les Colombiens gardent "leurs Farcs" chez eux!

Aujourd'hui, les Colombiens se baladent, appareil photo en bandoulière, l'esprit presque tranquille. Il faut espérer qu'avec le temps cette tendance se confirme, car franchement, les Colombiens que l'on rencontre au cours d'un tel périple sont les gens les plus agréables que nous ayons rencontrés depuis le début de notre voyage!

Amitiés marines
Nat et Dom de L'Étoile de Lune


Le choix d'une éolienne

Vos questions étaient : Qu’avez-vous installé comme éolienne, en êtes-vous content ? Une autre personne nous demandait si il était intéressant d'installer une éolienne vu qu'au mouillage on était toujours à l'abri du vent et qu'en navigation la vitesse du bateau annulait en général l'effet que le vent aurait sur l'éolienne.

Mon propos n'est pas ici de faire une étude comparative sur les rendements des éoliennes présentes sur le marché. Pour cela référez-vous aux revues nautiques, elles font ce genre d'études régulièrement et elles le font très bien. Je ne fais pas non plus un bilan énergétique du bord, il existe déjà sur le site. Nous ne partagerons ici que notre expérience. Elle n'est sans doute pas objective, elle vous décrit la réalité d'une quotidien de marin.

De l'utilité d'une éolienne

Concernant la question de l'utilité d'une éolienne, nous vous affirmons que oui, elle rend de bons services à bord. Depuis quatre ans, nous nous sommes rarement trouvés en panne de vent. La mer des Caraïbes présente de bons mouillages abrités de la houle, mais le vent passe en général les couloirs de montagnes et de collines qui permettent à l'éolienne de tourner. Quant aux mouillages abrités d'une barrière de corail, ils vous laissent en plein vent. En navigation, au près la vitesse du bateau vient s'ajouter à la vitesse du vent, et l'éolienne tourne avec le vent apparent. En quatre ans, nous avons fait plus de près que de vent portant entre les îles. Au portant, il faut que le vent soit vraiment faible pour que la vitesse du bateau compense complètement la vitesse du vent. Et dans ce cas vous naviguerez de toute manière au moteur, ce qui rechargera aussi les batteries. Par contre à la voile, les quelques ampères grappillés permettent de laisser les instruments allumés.

Le choix d'une éolienne

Nous sommes partis avec une éolienne AMPAIR 100, installée en 1996 lors du premier voyage de L'Etoile de Lune, elle avait fait son temps et trouvait sur le marché des éoliennes plus performantes. En effet, l'Amper 100 que nous avions chargeait au maximum 6 ampères avec 20 / 25 noeuds de vent. Cela suffisait au temps où les besoins du bord se limitaient à un frigo, aujourd'hui avec le fonctionnement d'un congélateur, d'ordinateurs et des instruments du bord cela ne suffit plus du tout.

Nous avons donc changé pour une AEROGENE 6. Nous l'avons à bord depuis 2 ans et en sommes très contents. Elle charge 30 ampères avec 35 noeuds de vent. A 10 noeuds elle produit 2 ampères. Dès 15 noeuds nous pouvons compter sur 7 Ampers, à partir de 20 noeuds elle charge plus de dix ampères. Tout cela suffit largement à la consommation du bord, surtout que nous avons également 5 panneaux solaires pour une puissance 475 watts. Pour vous donner une idée, à l'heure du midi, lorsque le soleil est haut et que le vent souffle à 15 noeuds, nous pouvons faire marcher le dessalinisateur sans l'aide du moteur (desalator 60 litres heure consommant 35 ampères)

En plus, l'aérogène 6 a un excellent rapport production d'énergie/ bruit qu'elle occasionne. Lors du choix d'une éolienne, il est primordial de se renseigner sur le bruit qu'elle fait. Le constructeur bien au chaud au salon nautique vous assurera qu'elle est silencieuse, qu'ils ont fait des efforts. La plupart d'entre eux n'a jamais posé l'ancre à côté d'un bateau équipé de la sorte! Demandez plutôt aux usagers comment ça se passe dans de réelles conditions... Nous connaissons peu d'éoliennes silencieuses qui produisent correctement.

Dans le catalogue des plus bruyantes vous trouverez sans conteste les Airmarine et les Superwind. Elles font un bruit de turbine d'avion extrêmement désagréable. Au mouillage ce sont de réelles calamités ! Dès dix noeuds de vent elles sifflent tant qu'on a la sensation d'être à côté d'un aéroport d'où décollent en permanence des avions à réaction. C'est d'un inconfort acoustique insupportable! Imaginez un beau mouillage. En pleine nature, il règne une paix palpable, pas un bruit autre que le chant des oiseaux, le clapot de l'eau, le bruissement de l'air dans les palmes de cocotiers. Vous êtes seul au mouillage et arrive un bateau équipé de ce genre d'éolienne. D'un coup l'ambiance change. Une nuisance sonore révèle d'une coup d'un seul tout ce que vous venez de perdre en gagnant un voisin...

Alors, un seul conseil, choisissez des énergies douces et silencieuses!


La photo du mois

Le marchand de glaces !


Texte écrit par Nathalie Cathala et mis en page par Dominique Cathala en mars 2008 - Tous droits réservés
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