En chemin nous rencontrons Papa D'jo. Il a quitté l'école, il ne fréquente jamais la grande île, il reste sur ce minuscule bout de terre posé sur l'océan. C'est son monde à lui. Il veille à cultiver son jardin, pour sa famille, ses parents, ses frères et ses soeurs. Il a moins de vingt ans, il est fort et ne circule jamais sans sa machette. Malgré le travail qui l'attend, il s'arrête dans l'ombre d'un grand arbre sous lequel nous nous offrons une pose contemplative. Il discute, parle de son île, de son clan, de son quotidien. Aujourd'hui, existe, demain... C'est quoi demain? Il regarde les filles, mais il n'y touche pas, nous dit-il. Il a du temps. Il observe, il ne cherche pas. Sa vie lui suffit.
Nous avions commencé cette promenade sous la grisaille. Nous ne savions pas vraiment où nous allions. Nous avons suivi des sentiers à peine dessinés dans les hautes herbes. Ils nous ont menés de l'autre côté de l'île sur plage avec vue imprenable sur Waya, mon île préférée. Sa silhouette taillée dans la roche m'hypnotise...